Laetitia Da Beca (aka Corbomecanik), Scène ouverte

“Le réver­bère et la lune”

Sans la moindre esbroufe mais avec un sens de scé­no­gra­phie et de l’angle de prise de vue comme du mono­chrome, Lae­ti­tia Da Beca (aka Cor­bo­me­ca­nik) jux­ta­pose et mêle diverses approches d’un “je” qui est autant lui-même qu’un autre en plu­sieurs types de dédou­ble­ment : celui de son nom, de son rôle (pho­to­graphe ou modèle), et de diverses mises en scènes et jeux de “rôles” (Bon­dage, S.M. entre autres).

L’imago se construit à mesure que les image se déploient et che­minent là où la figu­ra­tion prend valeur d’aura ou de cri­tique poli­tique et sociale dans une “dévo­tion libre et inin­té­res­sée” et un feu “qui peut faire même vaciller les anges dans leurs propres ombres” loin des farces pla­te­ment obs­cènes comme des trai­nings apocalyptiques.

Progres­si­ve­ment l’artiste s’approche d’un nou­veau modèle qui pour­rait rap­pe­ler Claude Cahun comme Almo­do­var et la ven­geance de cer­tains objets de désir (man­ne­quins arti­fi­ciels) et d’autres aussi.
La photo passe de l’endroit où tout se laisse voir dans un espace où tout se perd, près d’un pur insai­sis­sable, comme si le plus dur à affron­ter n’était pas la mort d’une cer­taine idée de l’éros mais sa nais­sance à réin­ven­ter là où se des­sine l’indécidabilité de l’existence ou de l’inexistence.

Existe là un volon­taire “mau­vais genre”. Il est néces­saire à l’histoire des images qui comptent. Et ce, contre le patriar­cat que cer­tains maîtres trouillards du jeu pho­to­gra­phique cultivent en ayant peur des femmes “actives” et cor­ro­sives.
Lae­ti­tia Da Beca les démonte en fai­sant à sa façon sor­tir l’hélix de sa coquille là où l’humour n’est pas l’ennemi de l’érotisme et du songe mais son supplément.

Elle refuse que cha­cun prenne des ves­sies pour des lan­ternes : “ce qui est grave c’est de faire pas­ser de la merde pour de l’or… Je n’ai jamais aimé l’esprit de cette sub­stance même si je peux res­ter avec toi , si tu assumes ton vice , et même rigo­ler , mais ne m’engrène pas en me fai­sant pas­ser un réver­bère pour la lune, ça ne je ne par­donne pas ! je deviens impla­cable” dit-elle.
Qu’ajouter de plus ?

jean-paul gavard-perret

Lae­ti­tia Da Beca (aka Cor­bo­me­ca­nik), Scène ouverte, 2022.
www.facebook.com/laetitia.dabeca

1 Comment

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Chapeau bas, Erotisme, Espaces ouverts

One Response to Laetitia Da Beca (aka Corbomecanik), Scène ouverte

  1. Villeneuve

    Qu’ajouter de plus ? Lae­ti­tia joue carte sur table en verve et liberté comme JPGP l’écrit avec tant d’esprit .

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