Passantes — mais pas seulement
Les femmes de Laetita Guilbaud ont de belles gambettes. Mais pas que. Bref, ce sont des séductrices.
Elles savent jouer de l’attente pour faire languir leurs semblables à travers leurs silhouettes subjectives.
Elles en mettent plein les yeux pour transformer tout morne séjour et émoustiller celles qui rêvent de les harceler. Ces égéries sont autoporteuses des sésames qu’elles sont prêtes à ouvrir sans jouer les pieuses béguines.
De telles Messaline ouvrent des offices qui requinquent les âmes en ruines quand les mains dévalent sur leurs hanches.
Mais l’artiste snobe les prétendants. Elle ne se préoccupe pas des cibles mais uniquement des flèches et leurs mouvements d’elles.
Les belles ne cultivent pas les recoins louches pour faire saliver les bouches qui n’attendent qu’elles. Le langage visuel direct par traits, lignes, rondeurs et couleurs met en exergue les appâts féminins et leurs pièges.
Tout est réjouissant, drôle, vif et incisif. Du coeur blotti sous les côtes des amants, de telles “passantes” baudelairiennes écoutent le battement. Mais elles savent déjà qu’elles en sont les hôtes.
Elles attendent néanmoins de laisser fondre leurs prétendants et l’exact instant de leur délivrance.
jean-paul gavard-perret
Laetitia Guilbaud, Exposition, Office du tourisme de Challans, du 3 au 31 mai 2022.