Emma Belhaj Yahia vit à Tunis, où elle est née. Après des études supérieures de philosophie en France, elle a enseigné quelques années cette matière en Tunisie, puis a travaillé dans le domaine de la culture.
Elle est l’auteure de plusieurs publications et de romans dont aujourd’hui En pays assoiffé qui retisse la vie de cinq générations de femmes arrimées au désir souvent contrarié d’indépendance et d’émancipations pour elles-mêmes ou celles qui les suivent.
La vision qu’offre son écriture représente une conjonction de fléchages. Se dessine la fabrique d’une forme de liberté au milieu de tragédies et de luttes. Tout suit un cours, parfois contrarié, où la colère devient de mise en une suite séquences ou de rendez-vous plus ou moins différés.
L’auteure offre ainsi à la fois une présence et une distance dans des révélations diffractées.
Les mots s’accumulent dans cette dérive labyrinthique sans jamais étouffer la lectrice ou le lecteur. Au temps des fermetures qui font retour, Emma Belhaj Yahia crée le temps exclusif et inouï du verbe qui permet saillies et béances.
S’y polit le fin mot plutôt que le mot fin, là où la pensée de l’écrivaine poursuit les traces bouillantes d’une vitalité “dévoilée” et revendiquée tandis que certains font tout, au regard de cela, pour provoquer la marche en arrière.
jean-paul gavard-perret
Emma Belhaj Yahia, En pays assoiffé, Des femmes — Antoinette Fouque, Paris, 2021, 252 p. — 18,00 €.