Jean Richepin est désormais un poète bien oublié. Il fut pourtant jusque dans les années 60 du siècle dernier un de ces écrivains dont les textes s’apprenaient dans les écoles communales.
Mais les temps ont changé.
Les éditions “le chat rouge” permettent de le rappeler à nous à travers sa Chanson des gueux. Ce texte prouve combien Richepin reste un auteur digne d’intérêt et résolument contemporains lorsque, par exemple, il rappelle sans autre forme de procès :“De mes espoirs défunts, je chaufferai mon cul”.
Et il existe chez lui une faconde et une musicalité à la Villon. Comme lui, il reste le poète des fossés et des buttes, proche des “voyous les plus noirs” et de ceux qu’on nommait jadis comme lui les arsouilles.
Il rappelle que chez les méchants vauriens l’âme chante. C’est pourquoi Richepin reste le poète des fous et des perdants qu’il sait sublimer dans une œuvre à redécouvrir car elle reste en solidarité avec les gredins que nous sommes ou avons été.
Preuve qu’il n’y a rien de bien neuf dans les incidents de la société.
Le poète fixe donc un visage du temps qui survit à toutes les flétrissures. Et pour le dire, les vocables jaillissent entre argot et langage soutenu. Tout gazouille chez cet oiseau-lyre.
Il donne à la matière humaine populaire ses riches heures lestées de mantras incertains et de dérision téméraire.
jean-paul gavard-perret
Jean Richepin, La chanson des gueux, éditions Le Chat Rouge, Paris, 2021, 280 p. — 20,00 €.