Balades / L’opéra de la lune

Une nou­velle antho­lo­gie et un livre rare pour l’anniversaire de la dis­pa­ri­tion de Jacques Prévert

Il y a trente ans, le 11 avril 1977, dis­pa­rais­sait le cancre poète Jacques Prévert.
Ins­piré par le sur­réa­lisme, on oublie trop sou­vent que l’écrivain anar­chiste, jon­gleur de mots, scé­na­riste et dia­lo­guiste inou­bliable (Les enfants du para­dis, Le jour se lève, Les portes de la nuit, Les visi­teurs du soir) aimait aussi écrire pour les enfants : des poèmes bien sûr mais aussi des contes ou des pièces de théâtre.
 
A l’occasion de cet anni­ver­saire les édi­tions Gal­li­mard Jeu­nesse publient plu­sieurs albums - tous illus­trées par Jac­que­line Duhême, amie et col­la­bo­ra­trice de l’auteur — dont une antho­lo­gie de 30 textes inti­tu­lée Balades et un livre rare L’Opéra de la lune réédité pour l’occasion.
 
Balades
 

C
’est bien à une pro­me­nade dans l’univers de l’auteur que nous sommes invi­tés à tra­vers ce très beau recueil. On y retrou­vera ses poèmes les plus célèbres et d’autres textes bien moins connus comme ce Pros­per aux enfers retrouvé par la petite-fille de l’écrivain, scé­na­rio pour un des­sin animé jamais réa­lisé, avec en marge des indi­ca­tions de mise en scène. Pros­per l’ours blanc accom­pa­gné de sa petite ourse, se rend à un bal réservé aux ours noirs ; Pros­per est refoulé (com­ment ? ça vous rap­pelle quelque chose ?) mais la jolie petite ourse est enle­vée par un dan­seur cos­taud. Quelques péri­pé­ties plus tard, Pros­per se retrouve en enfer puis sous les étoiles à la recherche de sa petite ourse. Un hom­mage à l’opéra en forme de course-poursuite nous per­met de décou­vrir le pro­ces­sus de créa­tion de ce scé­na­rio et nous fait encore plus regret­ter de ne pas avoir le résul­tat sur pel­li­cule.
À décou­vrir aussi des poèmes et textes divers extraits de Fatras, Choses et Autres, La pluie et le beau temps, Soleil de nuit, Ima­gi­naires, Paroles, His­toires ou Spec­tacle.

 
L'Opéra de la lune
 
 
Cet album est le fruit d’une col­la­bo­ra­tion directe entre Pré­vert et Jac­que­line Duhême. Née en 1927 la jeune fille fait la connais­sance du poète et de sa famille vers 1947 grâce à Henri Matisse chez qui elle est aide d’atelier. Peintre et jour­na­liste, elle tra­vaillera avec les plus grands poètes du XXe siècle : Eluard, Que­neau, Claude Roy…
L’Opéra de la lune paraît en 1953 à Lau­sanne puis en 1974 dans la col­lec­tion Rouge et Or. La pré­sente ver­sion fait l’objet d’une nou­velle illus­tra­tion mais l’histoire reste la même :
Il était une fois un petit gar­çon qui n’était pas gai. Il n’y avait pas beau­coup de soleil où il habi­tait. Il n’avait jamais connu ses parents et vivait chez des gens qui n’étaient ni bons ni méchants, ils avaient autre chose à faire, ils n’avaient pas le temps.
Impos­sible à racon­ter, ce conte poé­tique nous emmène dans le sillage de Michel Morin, le Petit gar­çon de la lune. Un hymne à la liberté et à la paix qui n’a pas pris une ride, un uni­vers foi­son­nant et coloré qui nous en met plein les yeux et le cœur.

patri­cia chatel

Jacques Pré­vert, Jac­que­line Duhême, Balades, Gal­li­mard Jeu­nesse, mai 2007 — 144 p. — 15,00 €. Tout public à par­tir de 8 ans.
Jacques Pré­vert, Jac­que­line Duhême, L’opéra de la lune, Gal­li­mard Jeu­nesse, mai 2007 — 48 p. — 12,00 €. De 6 à 12 ans.

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