Laurent Thinès, La Garde de Nuit (réparer les soignants)

Chant pour le temps présent

Laurent Thi­nès est un neu­ro­chi­rur­gien et un mili­tant de l’humain. La garde de nuit est son troi­sième recueil poé­tique.
Il devient l’ode sublime de notre temps de dou­leurs et se déroule comme un ora­to­rio en cinq actes où le mythe se mêle au réel.

Tout s’anime dans une fan­tas­ma­go­rie. Mais rien n’est caché des “spectres de l’humanité” quel que soit leur rôle là où s’ouvre le Saint Graal des Princes de sang dont l’objectif est de ne pas le ver­ser. Vaincre la mala­die ne passe pas pour autant par le seul pou­voir des titans : les mains ouvrières pos­sèdent une grande place dans la machine de l’hôpital.
Contre le dépé­ris­se­ment des appa­rences, l’auteur a su créer ce monde d’images lit­té­raires néces­saire — par exemple à tra­vers l’image du gla­cier — afin d’évoquer ce qui se passe pour “La Garde de nuit” et ses ultimes combats.

Destins et cathar­sis trouvent ici des voix ori­gi­nales là où le dur désir de soi­gner va jusqu’à répa­rer les soi­gnants qui assument le com­bat de tran­chées des pre­mière lignes et “dont les mains qui épargnent des vies, redonnent sens à notre vie”. Un tel chant rap­pelle ceux que l’on nom­mait “Mys­tères” au Moyen Age.
Il existe chez Thi­nès la même “foi” que dans ces textes anciens. Mais, plus que les églises romanes, l’hôpital reste “la capi­tale des miracles”.

Le poète mêle le passé au pré­sent, la sylphe et son Pégase rejoint le gon­fa­lon de l’héliport et les fils des per­fu­sions et des ordi­na­teurs pour une équi­pée qui n’a rien de sau­vage.
Tout prend la force de la fable là où un monde s’anime afin de rete­nir la vie dans ce peu qu’elle est, dans ce tout qu’il s’agit de sauver.

Le texte crée une sen­sa­tion de ver­tige par la pure émer­gence de la sen­sa­tion et d’une évi­dence. L’auteur ouvre et entoure ce monde.
Sur­git, par le dépla­ce­ment méta­pho­rique, une sorte d’aura mais aussi l’arête vive d’un seuil, sa marque indé­lé­bile entre passé et futur par effets d’instantanés de la vie d’un méde­cin écrasé par sa tâche dans un uni­vers à la fois médié­val et empreint de postmodernité.

lire notre entre­tien avec l’auteur

jean-paul gavard-perret

Laurent Thi­nès, La Garde de Nuit (répa­rer les soi­gnants), Z4 édi­tions, 2020, 90 p. — 14,00 €.

1 Comment

Filed under Poésie

One Response to Laurent Thinès, La Garde de Nuit (réparer les soignants)

  1. Thines

    Bon­soir

    Merci beau­coup pour votre billet. Je suis tel­le­ment content que cela vous ait touché.

    Bien cor­dia­le­ment,

    L Thines

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