Mafioso est le troisième volet de City Blues Quartet, la série écrite par Ray Celestin, après Carnaval et Mascarade (cherche midi — 2015 et 2017). Carnaval (The Axeman’s Jazz) est basé sur l’histoire réelle d’un tueur en série (Le tueur à la hache) qui a sévi en 1919 à la Nouvelle-Orléans. L’action de Cavalcade se situe en 1928, à Chicago, quand la fille d’une femme appartenant à l’une des plus riches dynasties de la ville disparaît mystérieusement, avec son fiancé, la veille du mariage. Mafioso se déroule à New York en 1947.
Le 3 août 1947 la une du Sunday News titre sur la découverte d’une maison des horreurs à Harlem. Dans une pension quatre personnes ont été massacrées selon des rites vaudous. Le meurtrier, un vétéran noir, a été arrêté.
Le 3 novembre, Gabriel prend toutes les précautions pour ne pas être reconnu quand il rencontre le faussaire qui lui confectionné des passeports, pour lui et sa nièce. C’est la dernière étape d’un plan qu’il prépare depuis six ans. Gabriel gère, pour le compte de Frank Costello, le Copacabana, un club newyorkais en vogue où se croisent des célébrités du spectacle, des businessmen et des hommes politiques.
Ce même jour, Ida arrive à New York pour retrouver Michael. Ils ont travaillé ensemble pour l’agence Pinkerton de Chicago. Elle dirige depuis vingt ans sa propre agence, devenant une spécialiste des erreurs judiciaires. Elle là pour Michael. Son fils est accusé des quatre meurtres. Elle le connaît depuis son enfance. Devenu médecin, il est doux comme un agneau.
Gabriel est convoqué par Costello car il bon en matière de blanchiment. Il lui faut retrouver les deux millions de dollars en liquide qui ont été escroqués aux familles mafieuses de la ville. À son grand désespoir il doit mettre la main sur ce pactole avant de pouvoir mettre un terme à son plan : partir avec une fortune volée à la Mafia…
Sur les lieux du drame, Ida et Michael comprennent vite que : “Ça pue à plein nez le coup monté par la police.” Il y a quelqu’un de puissant derrière tout ça.
Ray Celestin retient l’année 1947 car celle-ci, à bien des égards, ouvre la période de l’après-guerre. De nombreux éléments se constituent qui vont influencer la seconde moitié du XXe siècle. C’est la création de la CIA, la naissance d’un État Arabe, d’Israël. C’est le début de la guerre froide, de la chasse aux communistes…
Le bouillonnement culturel est intense à New York, cette ville épargnée par la guerre où nombre d’individus ont trouvé refuge.
Le romancier mène un gros travail de reconstitution historique, anime nombre de personnages authentiques en modifiant légèrement certaines dates pour mieux les intégrer dans son récit. C’est ainsi que le lecteur côtoie un personnage important de l’époque en la personne de Frank Costello, un parrain faisant partie de la famille Luciano, une des cinq qui régnaient sur New York. Il a donné une puissance considérable à la mafia, développant drastiquement ses activités.
On trouve Louis Armstrong et son célèbre concert de Town Hall. Dès qu’on parle de mafia, Frank Sinatra n’est jamais loin. Quant aux enquêteurs, dont c’est le troisième exercice relaté, ils forment un couple atypique avec 23 ans d’écart. Ils ont travaillé pour l’agence Pinkerton de Chicago avant qu’Ida crée sa propre agence.
Avec une écriture fluide, une narration éclairante et de nombreux dialogues percutants, Ray Celestin donne à ses romans un ton particulier, jouant avec brio des péripéties. Mais, loin des pages turner mécaniques, ses apports historiques sur les personnages, sur les événements amènent une richesse culturelle passionnante. Le quatrième tome doit, selon des indications de l’auteur, se situer à Los Angeles.
Une série remarquable, d’une belle érudition servie par des intrigues retorses menées de main de maître.
serge perraud
Ray Celestin, Mafioso (The Mobster’s Lament), traduit de l’anglais par Jean Szlamowicz, cherche midi, coll. “Thrillers”, octobre 2019, 600 p. – 23,00 €.