Second roman de Peter James avec Roy Grace pour héros, le commissaire de police de Brighton qui aime flirter avec le paranormal…
Scarab Productions est une entreprise pas comme les autres, mais qui traite ses clients du mieux qu’elle peut au détriment de la matière première. Scarab Productions est une start up. Sa différence principale ? Son site Internet est invisible sur la toile. Pourquoi ? Essentiellement parce que Scarab Productions est spécialisée dans les snuf moovies et que ce genre d’art n’a pas encore la moindre aura de respectabilité. Quand Tom Bryce, un chef d’entreprise qui croule sous les dettes, récupère un CD-Rom oublié dans un train de banlieue par un personnage aussi énervant que repoussant, il ne se doute pas de l’importance de sa trouvaille. Il assiste impuissant à un meurtre dont il nie l’existence. L’histoire se complique lorsqu’il tente de se reconnecter à ce satané site et que le disque dur de son ordinateur se retrouve purement et simplement effacé. Non sans un message d’avertissement lui enjoignant de ne pas parler de ce qu’il a vu s’il ne veut pas que sa femme et ses enfants en pâtissent.
Roy Grace et son équipe, de la police de Brighton, sont par ailleurs en état d’alerte. La disparition d’une ravissante et brillante jeune femme aux mœurs sexuelles plutôt maso que sado les mobilise. D’autant que sa mort a été violente. Et puis, l’horreur se retrouve à chaque tournant. Dans toute sa splendeur. Dans une baignoire, on prend un bain. À la rigueur, si on est maladroit, on s’y noie. Il est quand même rare qu’on y fasse infuser de la soude pour mieux se nettoyer les os. Et pourtant, c’est dans une baignoire que Roy Grace va découvrir le corps d’un témoin capital complètement récuré. Mais pas des pieds à la tête. Car la tête, elle, est à peu près la seule à s’en sortir. Pour Roy Grace, il faut d’abord empêcher les uns et les autres de polluer une scène de crime en vomissant à tort et à travers. Que dire de Cleo ? C’est une ravissante doctoresse qui hante la morgue et les pensées de Roy. À elle seule, elle réussit à écarter la femme de Grace, mystérieusement disparue des années plus tôt, de son esprit. Grace se redécouvre maladroit comme au temps des premières amours, mais doit encore régler ses comptes à ses anciens démons. Pendant ce temps, Scarab Productions prépare son futur film, qui sera un pur chef-d’œuvre. Scarab Productions envisage de filmer un double crime mettant en scène mari et femme.
Peter James et Roy Grace viennent fouler Brighton, ville déjà immortalisée par le maître britannique de l’espionnage qu’est Graham Greene (lisez Le Rocher de Brighton : un livre magnifique…). La Mort leur va si bien est le deuxième roman traduit en France mettant en scène cet enquêteur atypique, qui n’hésite pas à faire appel à des sources paranormales pour tenter de résoudre certains cas insolubles. Après Comme une tombe, qui était un roman de mystère et d’épouvante tendance Mildred Davis ou Charlotte Armstrong, basé sur une intrigue particulièrement ingéieuse — par ailleurs justement primé aux festivals de Cognac et de Saint-Quentin-en-Yvelines - Peter James se retourne, avec La Mort leur va si bien, vers un certain classicisme anglais. Les personnages secondaires y sont moins intéressants que dans le précédent roman, mais le caractère des protagonistes récurrents s’épaissit. Ainsi Roy Grace devient-il énervant, épuisant mais attachant et l’on suit l’enquête sans repos. On sort de ce roman comme Roy Grace de son affaire : les traits tirés, sur les rotules, avec l’envie profonde de s’écrouler sur un lit pour dormir, dormir, et oublier le monde environnant…
julien védrenne
Peter James, La Mort leur va si bien (traduit de l’anglais par Raphaëlle Dedourge), Éditions du Panama, mars 2007, 452 p. — 22,00 €. |