A fleur de femmes
Loin des ombres appesanties ou des sables humides de l’amertume, la vie devient un roman photo. Mais pas n’importe lequel : un roman du regard dont les éléments ne divaguent plus puisque les fleurs sont enserrées dans des blocs d’eau congelée. Elles n’offrent aucune résistance au plaisir de l’instant. L’effet de nuée et d’une forme de nudité métaphorique contredit le réel. Existent des trajectoires inachevées et en suspens.
Les pétales deviennent des lèvres intimes. Tout coule d’une source qui lance ses bras fins sous de tout petits ponts. Il faut s’y engouffrer. Se mettre en attente. Qui sait ? Une main peut se lever, s’en aller loin du bras. Surgissent un courant chaud dans le froid et la compacité dont l’épaisseur est cachée.
La chair et la pulpe restent néanmoins impalpables. La fleur et la photographie de Maria-Francesca Artoni leur donnent une autre dimension et projections. Histoire de se faire un cinéma (muet) là où le corps se révèle en son essence jusqu’à son assomption dans ces rituels qui permettent de toucher à un seuil de l’intime sans jamais le franchir.
jean-paul gavard-perret
Maria-Francesca Artoni, Fotografia Europea Circuito Off, Fondazione Palazzo Magnani
corso Garibaldi 31, Reggio Emila, Italie
Quelle délicate idée cristalline et érotique, pimentée de la peur de se brûler en caressant de trop près ces blocs de glace…