Grâce aux polaroïds de Marion Barat, le paysage commence là où il absorbe ou dissout en lui les présences humaines. Il n’existe ni princesses ni dieux mais un dialogue avec le lieu tel qu’il est. Lequel reste tout entier en sa propre préoccupation et le Polaroïd se perd en lui à mesure que la voyageuse ou la promeneuse s’en rapproche.
La photographe ne cherche pas à l’embellir mais à rentrer dans son cadre que les couleurs du Polaroïd modifient. Si bien que nous restons dans les références du connu …et pourtant surgit un autre point de vue.
Si le paysage est à lui-même toute présence, sa prise ne se veut pas un point de vue “distingué” même s’il trouve chez la photographe un langage particulier. Marion Barat crée des angles non sur une contrée mais sur un surgissement qui ne renvoient à rien d’autre que cette présentation. Le genre paysager échappe à toute vision théologique, politique, économique ou morale. Il débouche sur un avoir-lieu de lui-même.
Il nous place non devant mais en lui sans se préoccuper “des grands espaces ou des grands lieux qui font rêver l’éternité” (Chateaubriand).
Bref, le paysage devient le lieu de l’étrangeté et de l’étrangement. C’est à la fois un déchirement et une séparation du réel au sein d’une réalité soumise au dépaysement du langage photographique le plus simple mais le plus profond aussi lorsqu’il devient un choix assumé et fléché dans le sens d’une poétique.
lire notre entretien avec l’auteur
jean-paul gavard-perret
Marion Barat, Polaroids, Editions Corridor Eléphant, Paris, 2019.
Prévente sur le site Corridor Elephant.