Une odeur d’astre qui ignore le soleil
Il ne faut pas se fier au titre de l’exposition de Faitakis. Ses personnages sont de drôles de drôlesses, fausses semblables et monstresses, jongleuses de poissons humains des mers qu’elles démontent comme le créateur le fait en les dessinant. Penché sur les ailes de ses fausses angéliques, il ignore la loi des pères et farfouille bien loin de l’absolu.
Le voyeur devrait être vert de trouille : mais le pauvre en redemande. Il se perche, bon gré mal gré, dans les repères d’un univers de chaos et les nids de vipères. N’existe là nul Saint Siège ou bains de même nature : c’est dans les flaques d’un déluge que croupissent les semences humaines — mais en pure perte et plaisirs exsangues.
La confusion mystique bat son plein en un tel capharnaüm. Mais le cafard n’est pas au rendez-vous. Nous entrons dans un dogma de science-fiction. Des singes sous infusions électro-magnétiques font signe et les nouvelles amazones deviennent des mères indignes aux appétits démiurges. En dépit de leur mini-jupes, elles n’ouvrent pas leur corolle au premier velu. Une de leur victime dit que leur sobriété cause sa perte, un autre évoque leur absolu mutisme. Bref, chacun y va de son couplet - mais en sourdine.
Les chiens ruminent et la caravane érotique passe. Le souffre ira dans un bouillon de culte hure. Dès que les dépravées ont fini leur thé thon sol-air, l’enfer jardine aux chandelles. Les nouvelles hirondelles font un étrange printemps sous leurs cuisses en fusées de fureur. Ces fées minimes répandent une odeur d’astre qui ignore le soleil.
jean-paul gavard-perret
Stelios Faitakis, Scientific Dogma, Galerie Rabouan Mousson, Paris, 24 novembre au 3 janvier 2019.