Stéphane Mandelbaum s’est définit lui-même comme “le jeune errant ivre, obsédé de mort”. Il est un parfait exemple des irréguliers de l’art belge et meurt assassiné à 25 ans. Il a eu le temps de créer des centaines de dessins et de peintures exceptionnelles au fusain, à l’huile, au crayon mais aussi au stylo à bille.
Ce fut son vrai langage. Dominant la mort et le sexe en des visions provocatrices, désespérées à l’incroyable intensité tragique qui sont autant de miroirs de la condition humaine. S’y retrouvent des autoportraits, des portraits de célébrités (de Bacon à Goebbels), ou d’anonymes (parents, amis…). Cette exposition est la troisième exposition que la Galerie Pierre Hallet consacre à cet artiste trop méconnu.
Dans son œuvre, le corps parle soudain une langue violente, érotique, dépouillée et sans concession. Face à une image souvent instrumentalisée du corps féminin, l’artiste joue d’une exhibition hybride : le dévoilement du corps n’est pas sans « accrocs ». Contre les prétendus invariants du féminin qui servent de pare-fumées, Mandelbaum propose des escapades discordantes. Il refuse de céder le pas au convenu du tout-venant et opte pour une radicalité qui soude l’invisible au visible.
L’ “évidence” du secret “habille” les oeuvres de forces poétiques paroxysmiques. L’artiste y déplace les formes spectrales, offre une présence particulière, une hantise. Surgit l’étrange transparence dans l’immanence de l’opacité. Le portrait est transformé en morcellements. Ceux-ci coupent la chique à un réalisme trop tenace. Femmes et hommes pataugent dans les eaux saumâtres du passé ou du présent là où est métamorphosé le concept d’intimité.
jean-paul gavard-perret
Stéphane Mendelbaum (1961 — 1986), galerie Pierre Hallet, Bruxelles, du 14 octobre au 14 novembre 2017.