Cendrine Genin cultive autant l’art de la nuance que de l’abrupt et propose de faire palpiter de l’inconnu en une exquise finesse dans une feinte de simplicité et de buée. La présence humaine qu’elle propose est ni un rêve de réalité, ni une réalité rêvée mais tout ce qui se cache de nocturne, de secret. L’oeuvre permet dans la réduction essentielle une complexification des formes et de leur structures. Grâce à elle, le monde n’est ni bloqué dans l’évidence, ni enfoui dans le spectral : il se profile autrement.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La lumière.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
J’ai eu peu de place pour le rêve, enfant, et plus tard j’ai appris que les rêves étaient faits pour être défaits.
A quoi avez-vous renoncé ?
A ne pas renoncer.
D’où venez-vous ?
De là où je vais.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Le regard.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Respirer, chaque seconde.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Je suis un artisan.
Comment définiriez-vous votre approche des “lieux” ?
Acérée.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Le voile blanc qui regardait mes brûlures, j’avais trois ans.
Et votre première lecture ?
“Les Caractères” de La Bruyère.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Celles qui m’emmènent, Glenn Gould, Bach, Ben Harper, Alain Bashung, Patti Smith…
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“L’Esthétique” / Hegel. “Ethique et Infini” / Lévinas.
Quel film vous fait pleurer ?
Le dernier était “Alabama Monroe”.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Un reflet
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A un enfant.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Le Grand Nord blanc tout là haut.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Michel François, Roni Horn, G.Richter, F. Woodman, …V. Woolf , Jim Harisson, Christian Bobin…
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Un grand Rire !
Que défendez-vous ?
La conscience, le discernement.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Sûrement ce “Monde Inconnu” de Deleuze.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
” La réponse est non, que voulais-tu chérie ? ” …Chez ma marraine, la phrase sur l’assiette m’incombait souvent !
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Une affirmation.
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 5 juin 2017.
Toujours ce regard transversal qui nous met en manque du point de vue de Jean-Paul.
Quant à l’artiste elle se révèle aussi dans cet entretien vif et dense.
Merci JPGP
Bruno BRET