Antoni Muntadas, We are Fantastic (exposition)
Faisant appel au ridicule pour briser l’arrogance des puissants qui trouvent dans l’architecture postmoderne l’occasion de traiter des totems en hommage à leur pouvoir, Antoni Muntadas ne cesse de poser de front la question de l’interprétation culturelle. Et ce, depuis son manifeste de 1981 où il demande au public « Qu’est-ce qu’on regarde ? ». Son œuvre y répond par un corpus vaste et multiple quant aux médiums. S’y élabore concrètement un discours sur les systèmes de pouvoir, et la société des spectacles médiatiques sans cesse renforcés par les avancées de la technologie numérique.
Paysages visuels artificiels, sphères du pouvoir, espaces publics, lieux de spectacle, système de l’art se mêlent dans cette œuvre-monde. Le rôle du processus reste capital. Manière pour l’artiste – en poussant plus loin les textes de Foucault par sa pratique – de créer une enquête sur les dispositifs des pouvoirs et une archéologie du savoir.
Le dispositif crée l’œuvre, ses inserts, ses montage. Dans « The File Room » par exemple, une pièce physique devient une métaphore du monde. Celle-ci est de fait un site internet. Il se déploie vers l’extérieur jusqu’à ce que l’activité du dispositif devienne le site web sur lequel chacun peut déposer et classer un cas de censure. Mais parfois les dispositifs sont encore plus voyants : l’artiste isole un mot « pétard ». Il explose de manière violente et dérisoire par sa réinsertion en un lieu architectural.
jean-paul gavard-perret
Antoni Muntadas, We are Fantastic, Galerie Michel Didier, Art Basel 2017.