Enrik Purienne et les impeccables
Enrik Purienne bouscule la solitude, réveille — mais à peine — le corps tout en caressant le désir. Chaque photographie donne corps à une attente en clôturant chaque fois et provisoirement une forme, un espace : ils deviennent des interstices. Le corps cherche sa gravité pour ne pas totalement se volatiliser. Ou se volatilise pour révéler une présence.
Chaque modèle reste la Sibylle énigmatique. Elle rappelle à l’innommable puisque c’est à partir de l’insensé de sa rencontre que le miracle optique se propage en emportant loin des nuits noires. Reste la tiédeur dans un mouvement de la marée. Se découvrent des « territoires » encore inexplorés (et peut-être dangereux).
Chaque femme est herbe folle dans le crépuscule du soir. Son regard engloutit. Demeurent de derniers indices. Elle entrouvre la bouche. Un goût de mangue reste sur les lèvres ou le ventre. Dans la germination des profondeurs se partage la plénitude du sens et des sens.
Une banquette arrière, le bord d’une piscine deviennent des serres chaudes. Une femme serre encore ses genoux. Mais pour combien de temps dans le désordre de l’air ? Les anges se tiennent très haut en voyeurs obsolètes.
jean-paul gavard-perret
Enrik Purienne, Holiday, Editions Prestel, 2017.