Sophie Patry déjoue les plans habituels des photos érotiques. Chaque prise crée chez elle un assemblage simple mais complexe et énigmatique. C’est comme prendre une succession d’escaliers — certains retors, d’autres raides, d’autres s’ouvrant sur des passages dérobés — mais lorsqu’on est arrivé le sol se dérobe sous les pieds.
Néanmoins, pour la photographe il s’agit d’augmenter l’espace respirable. D’où le réseau “élastique” du portrait. La tête est parfois lancée vers un ciel capitonné de blanc, parfois elle glisse dans des profondeurs quasi marines.
Les photographies de Sophie Patry ne sont pas mélodieuses au sens commun du terme. Elles troublent la vision pour placer le voyeur en porte-à-faux entre sensation et intellect. L’artiste veut saisir l’émotion à sa source et dans son instantanéité. Cela passe par une vision forcément diffuse comme si les choses étaient en train de se faire là où le corps ne s’est encore jamais osé et donné de la sorte. Sa représentation doit donc naître dans l’urgence.
La lumière jette des grains que l’on ne voit pas et qui se chargent sur la peau : elle devient très légère, presque diaphane. Le corps est donc une étoffe qui s’envole bien plus qu’un mur qui cerne chacun dans ses finitudes. La photographie tente d’ignorer ce mur et les renoncements à être.
jean-paul gavard-perret
Sophie Patry, Autothérapie (livre autoproduit), pour les expositions à venir voir le site de l’artiste.
Très bel article, avec plein de sensibilité avec une analyse très juste sur le travail de Sophie Patry (entre sensation et intellect… super !!!! ).
Pour une fois que l’on ne compare pas Sophie à telle ou telle photographe(même si les comparaisons peuvent être flatteuse), mais au contraire qu’elle a une identité une signature bien à elle (Sophie Patry).
Encore et encore super, article Monsieur Jean-Paul Gavard-Perret.