Maxime Actis, Ce sont des apostilles

Apos­tilles pour la tête

Sachant que les poèmes ne servent à rien, Maxime Actis les rem­place par des codi­ciles. Et le lec­teur s’en contente plus que lar­ge­ment. Il pré­fère l’empilement de ces petites fatra­sies : qu’importe si fina­le­ment l’incompréhension de la réa­lité est au rendez-vous. Un « vrai » poème ne ferait pas mieux. Il convient de pré­fé­rer le tra­vail de la perte par souci du détail.
Repre­nant une veine ini­tiée par Tar­kos, Bianu, Munier et Pen­ne­quin jaillit tout ce qui ne compte pas et reste super­fé­ta­toire. Actis réus­sit son coup là où Mal­larmé lui-même est « tra­duit du fran­çais au fran­çais ». C’est irré­vé­ren­cieux à sou­hait et c’est délec­table. Le rebut reprend droit de citer. Monte à la sur­face du texte un état d’attente qui pro­duit ses effets. La langue reste pen­dante durant le défilé des images dans un « film » tout sauf muet.

Un saint dépasse par­fois. On le croit calme et timide mais de fait il aime faire mon­ter à la sur­face ce qui cla­pote. Si bien que le texte devient un déli­cieux repas bien supé­rieur au concombre. L’enflure gronde et pavoise. Mais de manière rebelle. Le livre prouve que ce que tout poète expose ou exprime est une note en marge d’un texte tota­le­ment effacé. Nous pou­vons plus ou moins, d’après le sens de telles apos­tilles déduire ce qui devait être le sens du texte pre­mier. Mais il reste un doute…

jean-paul gavard-perret

Maxime Actis, Ce sont des apos­tilles, Edi­tions Série Dis­crète, 2016.

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