Coralie Akiyama & Jacques Cauda, Femme si j’étais

Cap au pire ou au meilleur

« Téna­cité de nos vagues pour tou­jours nos stra­ta­gèmes nous les igno­re­rons comme le presse-agrume ne sait pas qu’il broie » (C.A.)

Cauda entre ici en un tel dia­logue avec Cora­lie Akiyama. Elle broie les corps débar­ras­sés chez elle de ponc­tua­tion. Son alter-ego par d’autres ruses. Mais pour les deux créa­teurs naissent une genèse mais aussi un éclair­cis­se­ment d’un mal­en­tendu premier.

Cora­lie Akiyama qui revient de son idée géné­rique : « je ne suis plus une femme je suis un ani­mal même pas mytho­lo­gique une fourmi ou un petit quelque chose ». Mais en un grand ouf ! beauté et fémi­nité sont cares­sées afin de piler son cafard. Lucide, — et  Cauda d’en pro­fi­ter -, elle essaie de ne pas trop le mon­trer car ses « nœuds » et son sen­ti­ment sont de se sen­tir orphe­line. Mais à son abîme incom­plet, un sou­rire peut diluer du passé « ses gru­meaux » de sordidités.

Certes, l’homme, le mâle, le conqué­rant peut la sau­ver. Mais hélas il n’est pas du même oscil­lo­graphe qu’elle. Et une fois de plus, Cauda de s’en repaître et de l’illustrer. L’héroïne fut pié­ti­née et sans reprendre jamais vrai­ment forme tant « on a tou­jours l’empreinte de la semelle dans le corps ». Elle cherche néan­moins des ali­bis, quitte à croire au conte du lan­gage qu’elle invente pour par­fois dor­mir debout.
Mais les com­pli­ca­tions cor­po­relles forgent des ran­cunes entre l’ouvert et le fermé. Res­tent néan­moins des invo­ca­tions à l’amour de l’autre à l’aide de « mor­ceaux sans les mal­adresses abats des jours » dont l’homme de viande fait une ali­men­ta­tion de pauvre pour l’appétit de l’aimante et de ses rêves.

Existe tout un mou­ve­ment entre le tri­vial et le divin dans la cui­sine de Cora­lie Akiyama. Elle fait la part belle mais pro­vi­soire à l’unisson des hési­ta­tions et des ambi­guï­tés des silences. Cauda en étire les tis­sus en abs­trac­tion de cou­leur. Quoique aidée d’une proche, d’une intime, l’écrivaine en beauté espère un homme moins vrai qu’ inachevé : « il lui manque un oeil tout le reste est cap­turé lui ne le sait pas il s’est fait subli­mer contre son gré j’accroche le torse nu sur ma tapis­se­rie ».  Si bien que son “roman” d’amour en bribes n’a rien d’un roman de gare même dans l’espoir d’une dura­bi­lité, une res­pon­sa­bi­lité et un enga­ge­ment. Mais l’amour reste un com­post. Il n’est pas apo­gée mais livreur de « four » comme on dit.

L’étreinte fris­son­nante, trans­pi­rée demeure dés­in­car­née. Les pou­mons se rétractent et le cœur n’y est pour rien face à celui qui « fait faux d’être res­pec­table ». Mais l’auteure se veut sa propre sau­veuse en trou­vant une sorte de pom­pier propre à un film d’amour. Bref, voici la ravau­deuse et la joaillère. Qu’un cœur cli­gnote, tout est sinon confor­table du moins pos­sible même si la rai­son dit à la créa­trice « qu’à voguer tiède le sens de l’eau ne fera plus conflit d’un train mau­vais douce nuit d’une cri­tique qui me fit naître à des vents amar­rés de grands rêves homé­riques à des voiles pliées ivre ».

Après tout, après la crue, l’accalmie prouve la cré­di­bi­lité « comme l’eau qui abreuve ou gâche mes brouillons blan­chis ». Néan­moins existent alors un excès, un révi­sion­nisme ou une téna­cité pour échap­per à la dic­ta­ture du passé et son néga­tion­nisme. His­toire de ten­ter ce qui réunit en un mou­ve­ment, un accord, un libre échange, une ardeur  selon une entente ou plus net­te­ment ce qui en tient lieu.
Mais l’auteure nous offre une trans­pa­rence et Cauda une per­fide carence. Les deux  pour prendre encore des  corps, des accords, leurs rup­tures et aussi leurs réformes.

jean-paul gavard-perret

Cora­lie Akiyama & Jacques Cauda, Femme si j’étais, Edi­tions Pour­quoi viens-tu si tard ?, 2024 — 13,00 €.

1 Comment

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One Response to Coralie Akiyama & Jacques Cauda, Femme si j’étais

  1. Villeneuve

    Comme pour le châ­teau d’Yquem Mon­taigne pour­rait saluer , cha­peau bas , l’amitié entre JPGP et le killer transfiguré !

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