Pour l’amour des femmes
Par immenses frises pour Mylène Besson, par fragments pour Marie Morel se franchissent des seuils d’équinoxe qui traversent l’Histoire pour mettre en exergue à la fois des femmes qui auraient dû être célèbres et la cohorte des anonymes ouvrières, toutes écrasées par des visions patriarcales.
Les deux artistes amies font pénétrer un monde ignoré sans gommer la chair des femmes ni faire oublier leurs plus hautes aspirations. De tels “couloirs” et les arcs qui s’y succèdent font renaître à la fresque commune celles qui jusque-là en étaient effacées.
C’est une manière d’attirer le regard vers leurs empyrées. Existent là des retours au passé pour des avancées sacrilèges — du moins pour les garants d’un ordre établi qui interdisait leur entrée en matière à leurs luttes et conquêtes.
Or, pour comprendre le monde, il faut rejoindre celles qui furent souvent sans secours, sans recours, sans échappatoires. Les femmes sortent ici de leur nocturne, s’échappent de la nuit et non seulement en tant que songe.
De tels portraits les nimbent d’une évidence : elles ne sont plus traitées comme de simples objets à reléguer aux oubliettes de l’Histoire. Et ces évocations ne sont plus des points d’arrivée mais des points de départ.
jean-paul gavard-perret
Marie Morel & Mylène Besson, Exposition, La Villa, Montrevel en Bresse, du 3 avril au 20 mai 2023.