Guillaume Decourt, Le bonjour de Christopher Graham
Guillaume Decourt poursuit une oeuvre poétique où les narrations à l’eau de rosse et au parfum de barbecue élimine toute propension lyrique. Suivre Christopher Graham permet un parcours en absurdie made in USA.
Mais un « made in Usa » comme le proposa un film bien oublié de Jean-Luc Godard.
Tout y est cul par-dessus tête, entre pastiche et dérision afin d’éviter le tragique. Le poème devient dès lors une fiction plus vraie que nature. Se retrouve une carpe dans la baignoire d’une prostituée chinoise, un bouddha réduit à ce qu’il est (à savoir un cochon paillard).
Plus vernaculairement, apparaissent aussi la sainte Bible dans le tiroir d’une chambre d’un Motel 6 à la réceptionniste aimable ou encore un natif de Paris, Texas ce qui n’émeut en rien l’originaire de Paname.
Sa transe américaine avance ainsi par sauts et gambades entre princesses et princes LGBDT et de bonnes grillades. Liquette au clou et seins au sable sur un ciel mauve, fond tabac et sous les maillots de Nylon des viandes belles s’étalent.
Grâce à ses poèmes narratifs, l’auteur jouxte au plus près une vérité humaine de ceux dont la nature est si faible que rien ne peut les influencer. Ils se croient libres, mais ne sont qu’envoûtés par eux-mêmes.
Cela pourra sembler une idée baroque que d’aller rechercher aux USA qui l’on est. Mais n’est-ce pas là un moyen de se ranimer soi-même afin de ne pas se renier et ce, au-delà la vie telle qu’elle est ?
jean-paul gavard-perret
Guillaume Decourt, Le bonjour de Christopher Graham, Editions Aethiladès, coll. Freaks, 2023, 72 p. – 16,00 €.