La chair fond comme neige au soleil
Polaroïds part à l’assaut de la chair.
Nous en avons rarement été plus près et proche à réintégrer sa force en des échange plutôt parfaits.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : ces “Polaroïds” ne sont pas des photographies mais un concept.
Celui de l’image la plus crue et quasi inédite dans une écriture minutieuse qui joue du panoramique comme du très gros plan.
D’où cette poétique topologique des lieux où les corps s’enracinent. Chacun s’invite au dessert. Un spasme roule en des cercles enfouis. Exit catins et pucelles.
Les femmes sont fières de qui elles sont, de ce qu’elles font et leurs larrons idem. Le tout dans des descriptions qui rappellent celles de Bataille et de Bourgade.
Poèmes et proses de Marc Alain ouvrent en conséquence la persienne de geôles secrètes. Plus question de paraboles. Nous sommes — si l’on peut dire — dans le dur. Les mots creusent la chair, la décrivent avec douceur.
Exit la cruauté des contes pour le plaisir des soirées libertines. Tout est posé par l’auteur pour que le sexe ne soit en rien une machine célibataire.
Dans une littérature directe et vive, rien de vulgaire. Le corps s’abreuve lorsqu’il a soif, aux prémisses des passes ; la chair fond comme neige au soleil
Des jupons se relèvent lorsque des génuflexions créent certains baptêmes.
jean-paul gavard-perret
Alain Marc, Polaroïds, Editions Tinbad, coll. Tinbad Texte, Paris, 2022, 160 p. — 19, 00 €.