Vénus ou l’antidote au chaos
Artiste multidisciplinaire et engagée, actrice et réalisatrice, Lousnak travaille sur le mythe de Vénus depuis plusieurs années. Le début de ce travail a été présentée en 2017 à Florence en Italie et à Erevan en Arménie en 2019.
Elle le présente ainsi : « Pendant que la terre tourne sur elle-même — à 1600 kilomètres à l’heure — on ne cesse de la détruire et de s’autodétruire un peu plus chaque jour. Malgré les génocides, les guerres, le racisme, la haine, la pandémie, l’abus et la destruction de nos ressources naturelles, c’est encore et toujours l’amour qui fait qu’on se tient debout! C’est avec cette certitude que j’ai construit l’univers de La naissance de Vénus ».
Elle travaille sur cette figure de l’amour et de désir pour répondre aux fatalités et aux destructions dans un désir de survivance qu’elle scénarise aussi dans d’autres séries. Vénus n’est pas traitée ici de manière “botticellienne” mais sous forme dystopique. Moins de naissance, il s’agit de survie.
Vénus doit se débrouiller, se dépêtrer dans filets et réseaux parcourus d’intensités diverses de mémoire, de pensée, de sensation.
Lousnak permet de comprendre que la limite n’est pas où l’on croit. Son bout du bout n’est plus dans le sujet mais dans le traitement plastique et à la recherche du « où ça résiste ». L’extrême n’est intéressant que lorsque — comme chez une telle créatrice — son traitement s’éloigne des perversions simplement mimologiques ou libidinales.
De l’obsession, nous glissons soudain vers un magnétisme particulier. De vie ou de mort. Avec ses secrets et ses énigmes.
L’œuvre possède donc une force rare de subversion.
Elle rappelle que la vraie nudité ne se laisse saisir qu’après avoir affronté jusqu’au bout la nudité du langage.
lire notre entretien avec l’auteure
jean-paul gavard-perret
Lousnak, La naissance de Vénus, galerie YellowFishArt , Montréal, Du 7 au 24 octobre 2021.