Jean-Pierre Georges, Pauvre H.

Ce “H” qui nous aspire

Pour Jean-Pierre Georges écrire, sans se limi­ter à un exer­cice d’inutilité, a pour résul­tat le main­tien de la maté­ria­lité de viande sans pour autant conduire à l’effacement du psy­chisme de l’auteur.  Le cor­pus res­tera — et  l’auteur s’en réjouit — inachevé avant que la mort s’en mêle.
Et comme il le pré­cise en coda, à défaut de vivre, l’écriture — comme la lec­ture qui for­cé­ment la pré­cède -, intro­duit quelque chose “à la place de la suf­fo­cante carence de tout”.

Jean-Pierre Georges la rem­plit par des frag­ments dro­la­tiques. Mais pas seule­ment. Si bien que, quoique incarné, le texte devient une abs­trac­tion en réus­sis­sant l’exploit de se trans­for­mer en  “désir d’un désir, convoi­tises dés­in­carné”. Le tout dans “un pla­to­nisme affran­chi de tout réfé­rent”.
Ce qui, il faut l’avouer, n’est pas une mince affaire.

Il pour­rait sem­bler qu’écrire assomme l’auteur tant les ali­gne­ments com­pacts sont sou­vent d’une vacuité crasse et ont pour seul mérite d”endormir celui qui les écrit jusqu’au len­de­main matin.
Mais le facé­tieux auteur abrège le pensum.

Dès lors, chaque mor­ceau est une petite fête. Tou­te­fois, bien malin qui pour­rait en tirer une phi­lo­so­phie de par­faite logique.
Et c’est d’ailleurs ce qui fait le charme de ce “H” qui nous aspire.

jean-paul gavard-perret

Jean-Pierre Georges, Pauvre H., Tara­buste édi­teur, avril 2021, 220 p., 16 E..

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Filed under Chapeau bas, Poésie

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