Si certains tabous avec le temps reprennent de leur force, d’autres tombent. Et Olga Voscannelli s’y emploie. Et de rappeler que leurs règles font aussi les femmes.
Seuls les hommes qui imposent leur loi sur, entre autres, la littérature ne le disent pas. Si bien que Le sang de Vénus devient le roman des menstrues et du sang féminin. Elles et il font corps avec un tel récit.
Olga Voscannelli écrit depuis le jardin pistilentiel, un jardin dont chacun apprécie les charmes sauf chaque mois lorsque l’hiver y est rude et que l’heure du gel sonne pendant quelques jours.
Pour la narratrice, à de tels moments c’est perdu d’avance : “Les reins n’y font rien. C’est même plus douloureux avec les années et le vieillissement”.
Et d’ajouter une peu plus loin : ““seule une femme est capable d’une telle résilience avec son propre corps”. Elle se soumet à une couche supplémentaire d’une honte sur la honte dont on se demande bien d’où elle vient sinon de ceux qui ignorent tout du fonctionnement du corps féminin que des traditions vouent aux gémonies.
La narratrice, au-delà de son mal-être personnel, creuse et se dégage de toute la gangue de discours plaqués, normatifs, convenus. Le roman devient celui où une voix et un corps trouvent leur espace et espèrent une écoute même si cela n’est pas simple et ce, jusque devant un psychanalyste que la narratrice visite en pure “perte”.
L’auteure en profite pour pousser le bouchon plus loin en évoquant ses aventures où les hommes la veulent parfois “carpette”. Mais la narratrice n’a cesse de faire parler le sang quelles que soient les situations. D’autant que le vin de Vénus possède parfois, pour certains amants, des vertus qui ne sont pas soupçonnées d’emblée et dont l’ivresse diffère de l’habituelle jouissance.
L’ère du “coquelicot” est donc sans cesse annoncée et ce, jusqu’à la fin du texte qui est un peu de début de l’histoire. Preuve que toute vie peut se nourrir d’auréoles de sang entre les jambes et pour un arc-en-ciel. Elles préservent l’héroïne, n’arrachnte pas ses rhizomes et racines.
Elles ne violent pas ses voilettes, et ne voilent pas ses violettes et prennent soin au besoin des amulettes qui viennent s’y frotter.
Font chorus quelques cris sans thème. Seules, ancrées dans la nuit, deux angéliques mélangent leur protubérance. Mais cela semble une aberrance penseraient certains abbés rances qui viennent prier en grande pompe les saintes tremblantes avec la cendre de fleurs dans leurs yeux pervenche.
jean-paul gavard-perret
Olga Voscannelli, Le vin de Vénus, Les éditions Sans Escale, 2021, 166 p. — 13,00 €.
Excellent article ! JPGP excelle sur ce sujet délicat et très longtemps considéré tabou pour la gente masculine. La souffrance physique dont certaines femmes souffrent terriblement ‚et encore à l’ère actuelle, commence petit à petit à se faire entendre…