Les Signes / Sous le même signe

Deux romans qui traitent des petites super­sti­tions du quotidien

Publiés à trois mois d’écart, voici deux romans qui traitent des petites super­sti­tions du quo­ti­dien. Signe des temps ?
 
Sébas­tien et son père ont en com­mun leur jour de nais­sance et fêtent l’évènement à Paris depuis cinq ans entre le Pla­né­ta­rium du Palais de la décou­verte, le res­tau­rant et le cinéma. Un pro­gramme (rituel ?) jusqu’alors immuable concocté par le gar­çon ; excepté pour son qua­tor­zième anni­ver­saire où Sté­phane, le père de Sébas­tien, décide bru­ta­le­ment d’emmener son fils en Bre­tagne au bord de la mer après lec­ture de leur horo­scope dans un maga­zine trouvé sur la table d’une salle d’attente d’hôpital.
Sous le même signe, de Mikaël Ollivier.
 
Blanche, onze ans, croit aux signes : les dents de la four­chette ne doivent pas être tour­nées vers la table, il faut atteindre l’autre côté de la rue avant que le bon­homme vert passe au rouge, comp­ter jusqu’à neuf pour faire son­ner le télé­phone et soi­gneu­se­ment évi­ter les lignes du trot­toir dallé. Un jour d’inattention, Blanche pié­tine les lignes des dalles : trois jours après, ses parents se séparent.
Les signes, de Natha­lie Kuperman.
 
Nos deux héros ont en com­mun d’avoir vécu ou de vivre la sépa­ra­tion de leurs parents.
En fait, la seule chose qu’on aime tous les deux, c’est maman. Sauf que lui, il ne vit plus avec elle depuis cinq ans, nous dit Sébas­tien en par­lant de son père, artiste peintre un peu fau­ché, créa­teur d’un per­son­nage de des­sin animé à la noto­riété plu­tôt encom­brante, super­sti­tieux au point d’irriter pro­fon­dé­ment l’adolescent : il croise les doigts, touche du bois, pos­sède des gri­gris, joue au loto le ven­dredi 13, évite les échelles et les chats noirs. Sébas­tien se sent plus proche de sa mère, pru­dente, sérieuse, scientifique.
 
Blanche vit en direct la sépa­ra­tion de ses parents et pense en être la cause car elle n’a pas res­pecté les signes. Elle va donc user d’autres super­sti­tions afin de faire reve­nir son père, jusqu’à fabri­quer une pou­pée plan­tée d’aiguilles pour pro­vo­quer la mort de sa nou­velle com­pagne ; une pou­pée nom­mée Arual (le pré­nom Laura inversé) qui retour­nera le sort d’une drôle de façon.
 
Autour de ces deux thèmes plus ou moins exploi­tés, chaque his­toire se construit de manière dif­fé­rente : Sous le même signe raconte l’évolution de Sébas­tien à tra­vers une esca­pade impro­vi­sée et cala­mi­teuse ; par­venu à Can­cale il ren­con­trera l’amour et décou­vrira son père sous un autre jour. D’une écri­ture légère et ryth­mée Mikaël Olli­vier nous raconte cette virée sen­ti­men­tale avec humour en jouant avec la propre cré­du­lité du lec­teur. Tout en se moquant gen­ti­ment des super­sti­tions, il laisse pla­ner le doute et le mystère.
Plus grave et ten­due est l’histoire de Blanche qui n’aboutira pas au “happy end” attendu et si fré­quent dans la lit­té­ra­ture jeu­nesse. Elle appren­dra tou­te­fois qu’une vie est pos­sible même avec des parents divor­cés et choi­sira d’oublier les signes ; débar­ras­sée de ses petites manies qui la muraient dans la soli­tude et la colère, Blanche va pou­voir gran­dir plus serei­ne­ment et se faire de nou­veaux amis.

patri­cia chatel

Natha­lie Kuper­man, Les Signes, L’Ecole des loi­sirs, coll. “Neuf”, août 2004, 138 p. — 9,00 €.
De huit à douze ans.

Mikaël Olli­vier, Sous le même signe, ed. Thierry Magnier, jan­vier 2005, 92 p. — 7,00 €.
De neuf à qua­torze ans.

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