L’ancienne carrière de botaniste de la Colombienne installée en France, Caloniz Herminia, n’est pas pour rien dans sa poésie où les évocations du végétal viennent souvent remplacer une simple narration de l’enfance et de l’adolescence de Cristina .
Le texte se développe par fragments de vision en un style volontairement “télégraphique”. Néanmoins, au lieu d’ “expédier” les évocations, il en renverse la poétique dans un art de la suggestion en scansion et pudeur.
Partant à l’assaut du temps passé par de vivifiantes figures fantomales, la poétesse nous fait entrer dans les marges de circonstances où l’intime prend des biais subtils et séditieux . Ils permettent d’en décaler les oppressions.
La hiérarchie (ou ce qui tient lieu) des d’objets ou de présences d’un ordre d’importance est remplacée par la mise en place de menus faits de l’existence au milieu des clapotis dans l’aigu comme dans les basses eaux de la mémoire.
Le rythme des moments de vie permet d’échapper aux affres boueuses. Caloniz Herminia préfère laisser prospérer sur un tel humus divers tableaux enluminés là où une mère aimante “pique un baiser dans l’échancrure d’une chemise, en fait voler les manches”.
Les descriptions sont toujours évocatrices plus de plaisirs passés que les douleurs “entre les pruneliers, en corniche de la falaise” et ailleurs : là où la sensualité est toujours luxuriante.
Un éros innocent (ou non) rampe de manière discrète mais incisive.
jean-paul gavard-perret
Caloniz Herminia, Cristina, Le Réalgar, Saint-Etienne, 2020, 72 p. — 10,00 €.
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