La profondeur tragique d’une dictature intérieure
Plus que son Clic-clac qui paraît un même temps chez le même éditeur, En découdre fait passer vers une littérature plus sèche et marquée par une sorte de remord ou de culpabilité qui hante tous les livres de l’auteure. Ce texte est une sorte de monologue ou de soliloque d’une narratrice provinciale qui visite chaque après-midi un petit musée de sa ville.
Elle se retrouve obsédée progressivement par le gardien auquel elle s’adresse en sourdine et dans une sorte de posture d’une bourreau d’elle-même et de ce qu’elle représente.
Nous sommes toujours sur le seuil d’un transfert vers un délire sentimental où le fantasme devient le fer de lance d’un amour. Il trouve en ce gardien un objet, une occasion mais est beaucoup plus large que ce que produit cet individu. Nathalie Azoulai aime cultiver des héroïnes dont l’image-reflet est négative à leurs yeux.
Mais elles n’y peuvent rien — conditionnées à leur condition sociale plus que “genrées”. Elles caressent le souhait de s’en défaire et découdre leur passé empiété : mais reste la profondeur tragique d’une dictature intérieure.
jean-paul gavard-perret
Nathalie Azoulai, En découdre, P.O.L éditeur, Paris, 2019, 96 p. — 13,00 €.