Une écriture qui tient le coup
Aux prétentieux, à ceux qui croient voir le pôle — nord ou sud -, Lionel Bourg offre ses surfaces de réparations. Et celles de la cité qui l’a fait : Saint-Etienne. Le jeune septuagénaire ramène aux rues où il a couru, s’est battu et est même “niaisement” (dit-il) tombé amoureux et ce “par amour de l’amour et parce que j’avais lu “Union libre” d’André Breton, ajoute-t-il, ce qui n’est pas le meilleur moyen de réussir son couple…
Mais Lionel Bourg ne fait pas dans la déploration. Il crée une entente apaisante mais propose aussi bien des moqueries et des sarcasmes entre le temps d’hier et celui d’aujourd’hui (et ses cigarettes électroniques, ses clé USB). Le tout dans un lien avec les poètes et les paysages qui l’ont “fait” au fil du temps depuis les plateaux du Velay avant de devenir un temps piéton de Paris.
Les références littéraires sont presque trop nombreuses mais elles ont instruit l’homme et l’auteur s’en instruit encore. Le tout dans un style limpide. Il nourrit de ses impertinences et de ses petites vérités du moment nos émotions en nous frottant aux “lambeaux” de sa vie. D’où la nécessité de cet échange entre la poésie, la littérature et le monde du pays des volcans.
Le présent et le passé se mêlent, le second innerve le premier en des opérations — entendons ouvertures - avec la fantaisie des solitaires qui gardent un regard enchanté sur leurs amours d’antan.
Lionel Bourg reste le “forçat discrètement caractériel, rouleur sans endurance” mais qui tient le coup.
Comme son écriture.
jean-paul gavard-perret
Lionel Bourg, C’est là que j’ai vécu, Quidam Editeur, Meudon, 2019, 124 p. — 14,00 €.