Jean-Bernard Pouy, Avec une poignée de sable

Après Spi­noza encule Hegel et À sec !, voilà la fin tant atten­due de cette suite romanesque…

Les Contre­ban­diers viennent de nous pro­po­ser la clô­ture d’une série, avec le der­nier volet d’Epi­cur de Sté­pha­nie Ben­son. Ils frappent plus fort encore avec la sor­tie atten­due de “Spi­noza encule Hegel n° 3″, soit : Avec une poi­gnée de sable. Vingt-trois ans déjà, depuis la publi­ca­tion du pre­meir tome, Spi­noza encule Hegel, dans la col­lec­tion “San­guine” (n° 16, cou­plé avec La Clef de seize, de Patrick Ray­nal). Julius Puech y diri­geait la FAS — Frac­tion Armée Spi­no­ziste -, en lutte contre les hégé­liens. Et tout était ubuesque, comme tou­jours chez cet auteur. Par la suite, alors que la France gagnait la Coupe du monde de foot­ball, Pouy signait le retour du spi­no­ziste convaincu avec À sec !, où Julius, mal­gré le pire arte­fact de la dia­lec­tique qu’est le FOOT, se retrou­vait en pleine kop-ulation.

Après les frasques de Julius Puech, nous voilà obli­gés de subir son fils. Et l’héritage de Julius est lourd à por­ter. Bru­tus sera écri­vain. Et pas n’importe lequel, car écrire ne suf­fit pas. La liste des romans gon­cou­rant pour le Grand Prix est annon­cée, puis réduite à sa por­tion congrue. Mais l’éditeur aty­pique Sébas­tien Moreno a l’intention de se jouer du petit monde de l’édition. Et il fera du petit bijou lit­té­raire sorti des décombres manus­crites de la Grand place, un véri­table OLNI (objet lit­té­raire non iden­ti­fié). Aus­si­tôt, la sauce monte et prend. Si la Place publique semble s’étriper pour le Da Lida Code de Jean-Claude Dublé ou pour Vio­lée mais pas trop d’Élodie Duplan, le main­te­nant pseu­do­nymé Ber­trand Spi­necq devient incon­tour­nable dans la vie lit­té­raire pari­sienne, alors même que per­sonne n’a lu son livre !

Grosse arnaque de l’éditeur Moreno, qui tient à jouer un coup tordu aux plus grands édi­teurs, la mise en avant de Spi­necq ne se fera pas sans heurts. Cer­tains ne s’en remet­tront pas. Comme le nou­veau Gon­court. Le lec­teur lambda, qui connaît les romans à suc­cès du moment mais pas les dif­fé­rents édi­teurs, se délec­tera en iden­ti­fiant noms et titres der­rière ces formes bar­ba­ri­sées aux­quelles Jean-Bernard Pouy nous a habi­tués. Le lec­teur plus averti, lui, pourra déce­ler quelques petites piques issues de der­rière les fagots.

Avec ce troi­sième épi­sode, court mais dense, JBP ter­mine en apo­théose ( ?) sa tri­lo­gie au titre aussi emblé­ma­tique que pro­vo­ca­teur. Rédi­gée sur plus d’un quart de siècle, elle per­met d’admirer la maes­tria d’un auteur au regard amusé et cri­tique sur une période dont il atten­dait sûre­ment beau­coup, mais qui l’a for­te­ment déçu. Son ana­lyse du genre humain reste froide mais réaliste.

julien védrenne

   
 

Jean-Bernard Pouy, Avec une poi­gnée de sable, Les Contre­ban­diers édi­teurs, février 2006, 106 p. — 10,00 €.

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