Fondant son écriture sur tout un jeu subtil d’oppositions et de fausses tautologies, Carole Carcillo Mesrobian renverse le monde selon diverses attentes qui peuvent ressembler à l’absence des « corps ne plus ». Il s’agit pourtant de remonter le temps et le silence, d’atteindre la « gorge close » dans la recherche de l’immanence des choses en faisant tordre le sens à travers le langage et ses mouvements afin de retrouver un souffle, une renaissance.
Tout demeure sous l’influence de tiraillements intenses au sein de l’ombre et la lumière, la présence et l’absence là où l’écriture garde une puissance d’ensorcellement entre « le blé cuit » comme « l’encens » de la lune. Il s’agit aussi d’aller dans « le sillon des apertures » ou les étés se « dépenaillent ». Bref, de résister au milieu des mirages comme de la réalité face à une distance qui se crée forcément à trop « vivre à l’estime » comme ceux qui n’ont connu que trop « la haine pour sublime / et l’amour au tombeau ».
Mais si « écrire répand nos doutes », les énoncer revient à toucher une sorte d’absolu, fût-il dérisoire. Le tout dans la volonté de cueillir des étoiles là où le vent pousse à hue et à dia — et ce, depuis les premiers mots comme le premier nom de l’enfance et en tentant d’oublier les matins trop noirs et les soirs trop blancs.
Les formes s’agitent, montent. Carole Carcillo Mesrobian les fixe. Le roi peut rester à la porte dans son carrosse doré. La poétesse déplace des lignes, y boulonne sa pensée, regarde un vol d’oiseaux derrière les arbres. Au bout du ciel obscur un grillage s’incline, roule dans le fossé avec les ronces et la mousse avec – qui sait – une odeur de sueur de cavalier comme quand la poétesse était petite. Mais c’est peut-être là trop postuler.
jean-paul gavard-perret
Carole Carcillo Mesrobian, Aperture du silence, PhB éditions, Paris, 2018, 56 p. — 10,00 €.
En effet ” La Haine pour sublime” ! Un postulat qui au quotidien tue l’Humanité. Parler de fausses tautologies est l’immanence de la redondance de la mise en abime du sacré du Poème. Ce qui est déployé est pour l’essentiel aux sommets de sophismes alignés. Là dedans, il n’y a pas de poétesse qui soit enfant ou non, ni de cavalier, ni de reine et ni de roi. La beauté du vrai chant du silence des Anges n’est pas CELA.