Betty Tompkins après avoir longtemps défié la décence et s’être vue censurée pour ses oeuvres (dites plus ou moins raisonnablement “pornographiques”) est devenue une artiste internationale incontestée. Moins assagie que jamais, elle remet ça pour sa deuxième exposition duale avec Bill Mutters.
Les deux artistes sont en couple depuis 40 ans en dépit de bien des différences dans leurs vies respectives : “Mon père et sa mère sont nés le même jour mais quand nous nous sommes rencontrés, Betty avait un berger allemand blanc femelle pure race et j’avais un chat de gouttière noir, etc.” raconte Mutter. Et d’en déduire que les opposés créent une communauté jusque dans leurs œuvres. Les dessins pour l’exposition de la « Caverne de Platon » en sont la preuve mais peut-être par l’absurde…
Les deux artistes ont choisi spécifiquement des thèmes en contraste : l’innocence de l’enfance pour Bill et, en fidélité avec son travail iconoclaste, l’expérience adulte du sexe pour Betty. La confrontation est agissante, elle renforce autant la tension que la drôlerie et la mise à mal de l’innocence. Les dessins repris en digital créent un rébus d’initiation aussi ironique, pervers que tendre.
Les œuvres spécifiques se réinterprètent par leur confrontation communicante. Au « sexhibitionniste » de l’une répond l’expressionniste enjoué de l’autre. L’évidente radicalité de la première est quelque peu tempérée par celle du compagnon plus sage. Mais méfions-nous des apparences. Ses enfants ont tout de petits garnements. Et le fidèle mari tend la perche à celle qui une nouvelle fois dépote. Nous en restons ravis.
jean-paul gavard-perret
Betty Tompkins et Bill Mutter, The Bill and Betty Show, Eidia House, dans le cadre de “Plato’s Cave”, du 21 octobre au 18 novembre 2016, New-York.