Anne Van Der Linden, Économie domestique & Carnage intime

Anne van Der Lin­den et les diablesses

Anne Van Der Lin­den (cofon­da­trice de la revue Freak Wave), pour assou­vir notre plai­sir, ne tourne pas le dos à la fausse désin­vol­ture. Ses femmes non plus. Disons le tout cru : elles sont des man­geuses d’hommes. Se cachent entre leurs cuisses. Sans dieu, elles les habitent avec air grave et sou­pirs. Mais aussi joie et plai­sir. Pas besoin de mots pour les dire là où chaque membre se déguste du bout des doigts ou des lèvres :  la nuit, alors, est brû­lante et la dou­leur s’oublie. C’est pour­quoi les femmes de l’artiste ne sont jamais sages et ne se privent ni de leurs mains ni du reste.
Il faut au besoin battre leur croupe de caresses bien douces pour divers types de pactes et de paque­tages. De telles abbesses du démon rendent le quo­ti­dien étrange. Leur pré­sence est aussi dif­fi­cile à nier qu’à affir­mer. Avant de nous pré­sen­ter le miroir dans lequel nous nous ima­gi­ne­rions, Anne van Der Lin­den nous accorde à leur pure contem­pla­tion. Par les traits des des­sins, les femmes s’enchaînent aussi déliées que liées.

Dans l’escarpement du val­lon existe tou­jours un minus­cule filet de lave en fusion. Tout s’embrase d’un coït de la vie dans la jubi­la­tion du par­fait accord forcé. Étour­dis­se­ment de déme­sure, trombes de dou­ceur à outrance, dérive dans l’anse cam­brée de dunes, tout y est. Eros devient effluve d’un souffle qui dépasse les capa­ci­tés pul­mo­naires. La poé­sie visuelle enjambe l’univers presque au-delà de l’imagination la plus ver­ti­gi­neuse.
A l’exaspération du plai­sir de l’homme fait place celle de sa com­pagne. L’artiste reven­dique, pour elle comme pour toutes les autres femmes, un autre droit que celle de « pou­pée qui parle ». Est-ce là trop deman­der à son par­te­naire ? De  celui qui fut chair sen­sible et flam­boyante, por­tée par l’infini du désir et qui sem­blait pen­ser qu’après il n’y a plus rien ni per­sonne, Anne Van der Lin­den change la mise. Et si un homme lui assure que sa lubri­cité cause sa perte, elle répond par des « vora­trices » qui jettent aux paters noceurs leur « sus aux lous­tics ! ». Elle ne se sent cou­pable ni devant les esprits ni devant les hommes. Dans leur intime « ite », les cer­ti­tudes bas­culent en co-peaux de volupté.

jean-paul gavard-perret

Anne Van Der Linden,

- Éco­no­mie domes­tique, Alain Beau­let Edi­teur 2015,
- Car­nage intime, édi­tions Uni­ted dead Artists, 2015

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