Quand les corps churent
Il ne regarde que lui-même et ne parle que de sa mère. Dans son plus jeune âge, elle l’a projeté dans un monde de femmes. A son psychanalyste, il dit qu’il n’existe pas. Sinon dans son miroir et s’y cherche parfois. Il imagine qu’il reste sur la lune comme il l’était, enfant – brillant à l’école avec les cancres qui font de bons gars plus tard.
Dans l’extrême de leur soupir, leur poudre et du mascara sur leurs paupières, il rêve de femmes affalées sur un canapé en velours rouge en un décor factice à la Visconti – perfectionniste et déçu par le réel. L’érotisme demeure uniquement dans leurs visages tant elles demeurent libres en dépit ceux qui veulent les posséder. A chaque rencontre, il change de personnage et ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve où il s’enfonce un peu.
Bref, il a toujours besoin de réalité alternative car le monde l’ennuie. Il écrit parfois de la poésie en vers libres sans finalité, ni message : Il la nourrit de qui il est. Mais qui ?
jean-paul gavard-perret
Photo : Sheila Metzer