Roger Seiter & Régric, Lefranc – t.36 : « La Régate »
Au cœur d’un vaste complot…
À Rotterdam, un vraquier appartenant à un homme d’affaires néerlandais décharge une importante cargaison de Chalcopyrite, un minerai très riche en cuivre. La nuit suivante, le même homme confie une mission de livraisons d’armes, chargées dans le même cargo, destinée à l’Asie du Sud-Est.
À Darwin, en Australie, Guy, en tant que journaliste, rejoint un groupe qui se prépare à effectuer une course de grands voiliers entre Darwin et Davao, aux Philippines. Il intègre le groupe à la demande de Théa, une dame qu’il retrouve tous les hivers à Gstaad pour skier. Il pense qu’avec la situation géopolitique, le parcours est incongru, voire dangereux. Parallèlement, se fomente une insurrection. Un vieux navire est coulé lors d’une attaque aérienne et tout un bataillon de mercenaires prend possession d’une île.
La course est lancée. Pendant le parcours, les organisateurs avertissent les concurrents de la formation d’un typhon. Le voilier de Théa est obligé de se dérouter vers l’archipel de Walang au sud des Moluques, là où…
Les auteurs installent leur récit dans une période où se déroule la décolonisation de l’Indonésie, une décolonisation dans la douleur. Les Hollandais ont bien tergiversé avant d’accepter totalement la situation. En effet, entre le 17 août 1945 où l’Indonésie proclame son indépendance et le 27 décembre 1949 où les Pays-Bas reconnaissent leur souveraineté, quatre années ont été assez terribles.
Roger Seiter installe les intrigues de sa série dans des lieux bien différents, mettant en scène des actions en lien avec des événements, des faits historiques. Ceux-ci servent de toile de fond et permettent de nourrir un récit dynamique où les rebondissements se succèdent à un bon rythme.
Ici, il entremêle l’exploitation de ressources à une volonté d’autonomie. Et cette exploitation risquant de ne plus être aussi rentable financièrement pour ceux qui en profitent présentement, voire carrément arrêtée au profit d’autres destinations, ils décident de faire en sorte de garder leurs profits.
On retrouve le héros qui assure son rôle, déjouant les pièges, écartant les dangers pour aller vers une conclusion pacifiée.
Régric assure un dessin qui respecte les canons imposés à l’époque par Jacques Martin tant pour la représentation des personnages que pour leur gestuelle. L’érotisme n’est pas de mise. Certes, les premiers albums s’adressaient surtout à un public jeune, mais celui-ci a pris un peu d’âge et doit avoir déjà vu la beauté des lignes féminines. Mais son dessin réaliste fait le job pour une mise en images réussie. Le travail sur les décors comme sur les accessoires est indéniable et remarquable. La mise en couleurs est confiée à Bruno Wesel qui réalise une belle harmonie, sachant mettre les teintes adéquates au bon moment du récit.
Un album qui se découvre avec plaisir en sachant y trouver une histoire solide mise en planches de manière rigoureuse.
serge perraud
Roger Seiter (scénario), Régric (dessin) & Bruno Wesel (couleurs), Lefranc – t.36 : La Régate, Casterman, septembre 2025, 48 p. – 13,50 €.