Michel Audiard, Le Terminus des prétentieux

Michel Audiard, Le Terminus des prétentieux

Quand les petits truands se lâchent

Michel Audiard voulait que le film qu’il avait écrit au début des années 1960 porte pour titre Le Terminus des prétentieux. Il n’a pas obtenu satisfaction et le film s’intitula… Les Tontons flingueurs. En 1968, il publie, chez Plon, un roman qui porte le titre voulu, un roman jamais réédité depuis.

Gustave est un combinard, un truqueur, un gigolo et un escroc à la petite semaine. Il est devenu le favori de Sarah-Marceline Glumberg qui le couvre de cadeaux. Elle l’a chargé de faire estimer un solitaire de cinq cent mille francs (lourds). Mais il décide de partir avec le bijou et, pour ne pas laisser de traces, il lui tire une balle de 7,65 dans la nuque. Il fait équipe avec Nelly Patenôtre, une jeune femme qui occupe, pendant ce temps, un membre dangereux de la famille. Après l’intervention de la police, les deux complices doivent fuir car la famille a compris.
Il prend sa valise, ses trésors, et convient de retrouver, au volant de sa Ferrari, Nelly au portail. Celle-ci le trompe et part avec toutes les richesses. Il décide alors de rejoindre, en passager clandestin de trains de marchandises, Deauville où, il y a un an, il avait perdu une belle situation prometteuse. À l’époque, il avait séduit la jeune fille de la maison où il était employé, ambitionnant de l’épouser. Or, les événements ont dérapé…

On retrouve dans ce roman tous les personnages que le scénariste affectionnait, ces demi-sel qui n’hésitent pas à franchir les limites de la criminalité pour subsister. Avec ce « héros », l’auteur place la barre assez haut dans le genre, faisant de ce gigolo un individu capable de tuer. Il détaille les hauts et les bas de l’existence de ces individus qui tentent de vivre aux crochets de familles richissimes, récoltant les miettes tout en essayant d’en tirer le maximum.
Michel Audiard met en scène, avec sa verve coutumière, une population d’individus à la marge d’une société, des gens de la haute à ceux qui les servent.
Aux côtés de Gustave, le romancier met en vedette une jolie jeune femme qui, de préposée au PMU, devient une belle intrigante pour soutirer le maximum d’argent à ceux qui en ont.

Une introduction de Marcel Audiard, pédopsychiatre, romancier et petit-fils de Michel, éclaire le parcours de l’auteur, décrivant les sources où il a puisé avant de devenir ce scénariste à la verve inimitable.
Ce roman sulfureux met en avant une catégorie sociale qui a fait les beaux jours d’un cinéma mêlant action et comédie, qui reste d’une belle actualité.

serge perraud

Michel Audiard, Le Terminus des prétentieux, Le cherche midi, coll. « Borderline », mai 2023, 240 p. – 13,50 €.

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