
Mia Murgese Mastroianni, Les Cucibocca de Montescaglio
Le monde fantastique
Originaire de Gravina (Puglia), Mia Murgese Mastroianni cultive toujours le surprenant et l’insolite mais en soignant ses cadres et mises en scène. Les Cucibocca de Montescaglioso sont des figures énigmatiques de la tradition lucanienne, profondément enracinées dans l’histoire et les légendes de Montescaglioso. Ces entités mystérieuses captivent l’imagination collective par leur allure ancienne et indéchiffrable. Leur origine est entourée de mystère, avec de multiples interprétations qui ne parviennent jamais à une vérité certaine.
Les Cucibocca – telles des sorciers et sorcières – semblent nous dire : « Venez quand vous voulez, demain si vous voulez, nous sommes libres comme l’air ». Mais c’est comme si le regardeur lui-même devait prendre garde. Elles surgissent de nulle part, apportant une signification profonde et obscure. La nuit précédant l’Épiphanie, elles et ils errent dans les rues de Montescaglioso, inspirant la crainte aux passants sans toutefois causer de véritable effroi.
De tels fantômes (ou presque) appartiennent à ce royaume magique qui, de fait, veille sur l’humanité et la protège du mal. Lanternes à la main, les Cucibocca, à l’instar de Diogène, recherchent des présences humaines. Elles révèlent la lumière de la connaissance. Le jour de son arrivée, la photographe les shoote pour prendre contact avec l’espace. Nous regardons leurs images, nous découvrons ce qui nous échappe comme si nous leur parlions au coin du feu.
Jean-paul gavard-perret
Mia Murgese Mastroianni, Les Cucibocca de Montescaglio, 2025.