Lionel Bourg, L’obscurité

Lionel Bourg, L’obscurité

Eloge de l’ombre

Pour Lionel Bourg, chaque être porte en soi sa tourbe qui modèle son esprit et sa chair. On peut la nommer d’inconscient. Mais le poète lui donne matière et nutriments. Et pas n’importe lesquels. Ils sont induit – et la psychanalyse le sait bien – par le terreau des siens.
Natif de Velay, ses puys, ses marécages et tourbières nés de l’ère carbonifère, il les retrouvera de plus près en devenant stéphanois. C’est là que l’écriture trouve sa sève noire par l’obscurité primitive de la mine et de l’indigence des pauvres. Le poète en assure le vocabulaire et la grammaire.

Il commença la recherche dès son enfance. Dans les friches industrielles« , zones malsaines dont la beauté paraît parente de leur noire amertume », le jeune Bourg trouva écho à sa propre obscurité. Mais en contrepartie et comme pour s’en abstraire, il découvrit un paradis terrestre dans les poèmes, les vieilles cartes ou les estampes.
Existent donc un parallèle et une opposition entre l’obscurité des mines et les lumières de la poésie. D’où cinq textes sur Baudelaire, Bonnefoy, Nerval, Saint-John Perse mais aussi sur les illustrations du géologue Grand’Eury ou du scientifique Louis Figuier.

Une telle approche du territoire géographique et poétique recèle quelque chose d’organique. Et cela pour Lionel Bourg date et vient de loin. Ce « là » ne s’est pas changé en loin. Les sensations se répètent depuis longtemps. Demeure toujours l’expérience de la douleur liée à la nostalgie, à l’histoire du langage qui trouve néanmoins un nouveau pas au-delà dans la volonté du saisissement de ce que le poète fut et devient.

jean-paul gavard-perre

Lionel Bourg, L’obscurité, Illustrations d’Olivier Jung, Fata Morgana, Fontfroide le Haut, novembre 2913, 48 p. – 14,00 €.

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