Jacques Cauda, Pronostic vital engagé

Jacques Cauda, Pronostic vital engagé

Le saigneur des agnelles

Ce roman débute son débit comme du Michaux, bref du commencement et sa répétition. Même si cela est ici d’une drôle de couleur. Non d’un vert de l’espérance mais « pituite » sur la mer, « avec l’idée de « la morve qui coule de son nez comme la glaire venue du foie ». Histoire alors que tout homme chérisse la mer(e) et ses ambiguïtés.
Normalement, la première connaît des falaises abruptes, l’autre est blanche parfois de nuit antique et qui fait de l’homme son servant. Cependant, le narrateur est fort marri que de Marie. Il se voit, tel l’acteur disparu depuis des décennies, Jean Servais. Mais il a un passé et comme « Je me souviens de Georges Perec où sa mère tenait un salon de coiffure. », le voici revisitant son propre culte sous un ciel « d’un bleu délavé » plus que de « bleu de rêve. « 

Reste son énergie au milieu d’un Paris peuplé de rats et d’ordure. Mais le temps d’éternité arrive. De celle qui est longue surtout vers la fin préalablement alimentée de Jazz et de connards. Fidèle à lui-même et en route vers des cuisses et autant de scènes de solitude ou d’amour. Mais aussi d’imbécillité comme de maladies, Jacques Cauda, de fait, reste le héros zéro allongé sur le lit de sa chambre d’hôtel, vérifiant l’arme fourni à son contact corse pour jouer avec – même en faisant l’amour et en se prenant à la pratique d’un espionnage kitch.

Beaucoup de ses rêves se suivent de nuit.  Il se réincarne parfois en peintre bandeur mou avec celle qui  » gisait nue sur le lit, les cuisses largement ouvertes, le regard vague, la bouche maritime ». Mais il « s’exécute ». Le rire , la mort, et l’érotisme sont liés.
Cauda le killer se lave en empereur romain de ses mains et déféque au besoin (et des siens). Sa philosophie le désespère même s’il a échangé sa patrie. De retour de Londres, il retrouve à Versailles quelques voluptueuses touffeurs ceintes d’une cyprine de feu. Mais il a fait son temps, l’histoire littéraire et politique aussi.

Après que son Albertine ait disparu, il découvre toujours du commun avec les femmes – entendons  la pornographie. Suant sang et eau, il fait la sexuelle gymnastique par variations des positions dès que de grosses cuisses se jettent à lui – lune comprise. Une telle femme, après tout, en vaut une et sa nature le pousse, quitte à l’embrasser religieusement frigide. D’autres se suivent – Marianne de Mitterand comprise – mi putes mi soumises avant de finir là où le cul de la Seine lui fait de l’oeil.
Une telle vision reste pour le narrateur comme pour les lecteurs une fulguration à «  la ressemblance de la gloire de Yahvé ! ». C’est considérer le héros comme un doux Jésus. Que grâce lui soit rendue.

jean-paul gavard-perret

Jacques Cauda, Pronostic vital engagé, Sans Crispation éditions, 95300 Pontoise, 2024, 126 p. – 16,00 €.

Laisser un commentaire