Du haut
(Des nonnes)
Etant elle, c’est moi et donc nous nous valions bien. Ce fut vite joyeux. Mais nous nous sommes d’abord côtoyées pour tester nos bords, refus, assentiments. Nous avions vite le besoin de partager nos doutes et nos enthousiasmes. Cela nous a conduit de discussions fréquentes jusqu’à explorer les moments mystérieux qui, dans les comédies musicales, enchantent les soulèvements physiques. Et il y en a eu ! Erotiques, musculaires, psychédéliques, émotifs, mystiques, sans compter le franchissement des interdits.
La drôlerie logea nos moments emportés par la surchauffe et par glissements progressifs du plaisir – nous ne pouvions prévoir ni les arrivées, les départs. Dans la province de la ruralité, restent notre euphorie et la pratique d’un mystérieux champignon stupéfiant que cultive une secte. Nous nous sommes senties libres lisant Beckett, Delly et Nietzsche, écoutant Dalida, Lio et Ten Years After. Cela mit parfois en valeur notre stupidité mais tout en espérant débouler quelque part ou ailleurs en nous frottant, brassant, caressant tant nos voies furent impénétrables. Et pourtant, pour tant !
jean-paul gavard-perret
Photo : Kumi Oguro