Celui qui ne sait pas d’où il vient : entretien avec Gilbert Bourson (Phases)

Celui qui ne sait pas d’où il vient : entretien avec Gilbert Bourson (Phases)

Sous un aspect faussement dormant, dans sa masse impressionnante, l’écriture  de Gilbert Bourson fait des vagues. Des vagues de vagues. Comme si tout se transformait en un film asymptotique. Il  mélange temps et époques. Pas besoin de pellicule pour une telle production : les mots suffisent afin d’exprimer le désir de n’être ni enfermé ni retenu.
Le château intérieur s’y lézarde et les connexions aux « paysages » se multiplient dans une (ré)génération comme spontanée et subtile faite d’éloignements et de rapprochements dans une dystopie d’un genre particulier et agissant.

 Entretien : 

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’envie d’écrire pour que soit justifiée ma journée.

Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Ils perdurent et deviennent de plus en plus récurrents dans mes rêves d’adulte.

A quoi avez-vous renoncé ?
A rien, hélas !

D’où venez-vous ?
Je voudrais ne pas le savoir. D’ailleurs je ne le sais pas.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
Un sommeil bien peuplé comme dans le songe d’une nuit d’été.

Un petit plaisir – quotidien ou non ?
Tous les petits plaisirs de tout le monde et bien sûr quotidiens.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres écrivains ?
Je pense que c’est aux lecteurs de répondre à cette question.

Quelle est la première image qui vous interpella ?
Le visage de ma première conquête (Vénus est représentée par Botticelli dans une conque).

Et votre première lecture ?
La première je ne m’en souviens plus. Mais la première importante : les « Trois contes » de Flaubert.

Quelles musiques écoutez-vous ?
La musique dite contemporaine+ le jazz.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
« La Divine Comédie » de Dante.

Quel film vous fait pleurer ?
Aucun film. Un œuvre d’art doit être pour moi, au-delà des émotions.Mais…

Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Un étranger que j’ai toujours fréquenté.

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A moi-même.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Venise. Je pense aussi à cette phrase de Joubert : « il faut se faire un lieu ». Pour moi, ce lieu est contenu dans le nom de Venise.

Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Il y en a beaucoup.

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une lettre d’amour de la Senseverina.

Que défendez-vous ?
Rien.

Que vous inspire la phrase de Lacan : « L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas »?
J’ai horreur des bons mots.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : « La réponse est oui mais quelle était la question ? »
Je pense que le contraire est aussi bien.

Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Avez vous peur de Virginia Woolf ?

Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, le 10 février 2020.

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