Catherine Andrieu, Au-delà du dernier rivage

Catherine Andrieu, Au-delà du dernier rivage

Avant ou après

Toujours proche de son recours à la poésie, Catherine Andrieu s’immisce entre rêve et imaginaire, entre hier et demain et son gouffre de siècles : chaque poème déchire l’étoffe du silence où demeurent la douleur de l’âme et ses couteaux. La poésie cautérise entre mort et résurrection, si bien que ce livre crée chez l’auteure une de ces « cathédrale de murmures », dans l’apparition d’un monde proche de l’émerveillement surréaliste qui lie l’intime le plus brûlant au cosmique.

Existent des histoires de lunes et de constellations là où l’être erre et vagabonde, s’accrochant à ce qu’il peut. Catherine Andrieu devient la couturière d’une robe de rêve tissée de mots tirés de son feu souterrain – ils détonnent mais aussi et surtout créent une magie noir sur blanc. Elle est aérienne mais crée l’intimité de celle qui vit de celles et ceux qu’elle a aimés ou aime encore entre ses livres et l’océan. Elle reste la concierge de l’invisible plus que celle des immeubles. Car ce qu’elle voit n’appartient pas seulement aux silhouettes passagères mais au silence venu de bien plus haut que des escaliers.

Catherine Andrieu demeure celle qui passe et avance dans le temps : « Je ne marche pas, je flotte », dit-elle dans ce livre habité d’aube et de crépuscule, de jour et de nuit, d’ombres et de lumières. La dentelle de ses vers crée non seulement une parure mais, bien plus, un corps de chair qui est accompagné de son chat lui-même habité avec « ses yeux deux gouffres azurés / où le vide et l’éternité se confondent. » Les deux sont là, et quoique immatériels ils grincent et chantent, s’éveillent, là où les mots font et disent un amour transcendant entre deux postulations : vivre et son contraire, les instants fugitifs, dépassés mais aussi ce qui reste.

jean-paul gavard-perret

Catherine Andrieu, Au-delà du dernier rivage,  éditions  Rafael de Surtis, Cordes sur Ciel, 2025, 90 p. – 19,00  €.

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