Découvertes, inventions, aventures…

En ce mois de septembre 1943, à l’université de Princeton, Pacôme discute avec le fantôme de Blair, morte dans l’épisode précédent. Il attend Albert Einstein alors que Blair lui rappelle l’histoire d’Orphée et lui demande pourquoi, malgré l’interdiction d’Hadès, il s’est retourné pour regarder Eurydice.
En prenant le thé, Pacôme, qui doit espionner, pour le compte d’Edgar Hoover, ses collègues scientifiques, sonde Albert sur ses opinions vis-à-vis du communisme. Ils s’interrogent également sur la disparition, du jour au lendemain, d’étudiants, de professeurs.
C’est Hoover, le patron du FBI, qui envoie Pacôme espionner au Nouveau-Mexique, à Los Alamos. Là, il va se retrouver au sein d’une prestigieuse équipe qui cherche à mettre au point une super bombe…

L’idée de raconter un certain passé de ce professeur qui, depuis le début, est l’ami des aventureux Spirou et Fantasio est une excellente idée. Les scénaristes ont retenu, pour les albums précédents, deux idées d’intrigues : Enigma et les drogues nazies, le droit des femmes à disposer de leur corps et l’avortement. Ils le mêlent à des avancées scientifiques d’importance. Il le fiance à une pétulante jeune femme qui va être celle de sa vie, explicitant, qu’après son décès et l’immense chagrin, il renonce à toutes relations féminines.

Les scénaristes donnent une initiation à la fission nucléaire, propose une version de la légende d’Orphée chargée en sentiments. Il est entouré par une belle galerie de personnages authentiques comme l’affreux Hoover, de scientifiques qui ont marqué l’histoire.
Si l’action est présente avec des tensions de toutes natures, l’humour ne perd pas ses droits et offre de belles réparties et situations. Les dialogues entre le professeur et sa fiancée sont d’une grande qualité.

David Etien assure le graphisme aidé de Céline Olive pour les aplats de couleurs. Son dessin semi-réaliste est de la plus belle facture. Ses personnages, bien typés, bien campés, restent identifiables tout au long de l’histoire. Ses croquis pour visualiser les explications relatives à ce qui touche à l’atome et son fonctionnement sont parlants. Si les décors sont assez neutres, comme le veut le cadre de l’histoire, il réalise de très belles vignettes quand le scénario lui en donne l’occasion. Les regards de ses personnages sont remarquables et ceux de son héroïne sont craquants.

Cet album, riche en informations dans un cadre authentique où les apports de fiction se fondent naturellement dans le récit, est très séduisant. Ce personnage, dans cette époque, est particulièrement attachant. On ne peut que regretter la fin de la série.

serge perraud

Beka (scénario), David Etien (dessin et couleurs) & Céline Olive (aplats), Champignac – t.04 : Les Années noires, Dupuis, coll. Grand Public, septembre 2025, 56 p. – 15,95 €.