Anonymes, La Bible

Anonymes, La Bible

De Dieu aux anonymes

La Bible est sans doute un nœud complexe transmis pour qu’une civilisation existe et se perpétue en instaurant une piété originale pour un dieu unique. L’édition de la Pléiade à l’immense mérite de ne pas rejoindre les unités combattantes d’un camp précis. Certes, les responsables de l’édition ne s’extraient pas de leurs « situations » intellectuelles (on connaît par exemple très bien comment se situait Jean Grosjean) mais prouvent qu’après tout chacun peut s’accomplir autant dans la taille des rosiers, le retour à l’alpe que dans ce livre contradictoire à la mystique paysanne et dont le Cantique des Cantiques est souvent présenté comme le plus grand poème érotique, ce qui tient de la farce.
Certes ce livre est un vaste message pour l’être ou pour les peuples. Mais sa sagesse peut être lue comme un traité du désespoir dont l’immanence est lancée de manière circulaire. Il se veut aussi un traité de rédemption à coup de récits qui sont plus une suite de fictions morganatiques qu’une dissection historique. Il y à la des histoires de compassion et d’héroïsme qui peuvent raisonner dans les consciences tâtonnantes heureuses de trouver là ce qui peut les ravir ou les combler.
Les résonances d’un tel livre multiple et un se veulent un consentement dont les responsables de cette édition ne revendiquent aucune orthodoxie spirituelle. Certes encore, la Bible est un livre de méditation. Mais sa puissance dite inouïe tient néanmoins d’une vertu du pompiérisme idéologique. Elle se fonde sur une volonté de doctrine (floue) dont la résonance « probatique » tient plus à un désir de fondement politique que de véritable philosophie de l’existence.

Existent chez les philosophes des premiers temps – sceptiques ou non – et que La Pléiade permet aussi de relire  beaucoup plus de progrès d’accomplissement de l’être que dans le conservatisme de ce livre premier que seules des vue de l’esprit fléché ont transformé en livre de Dieu.
Cette édition reprise et complétée ouvre une capacité à désacraliser les leurres, à démonter une mythologie tout en la respectant. La Bible avait un but majeur : celui de mise en garde qui impliqua au nom d’une audace divine une politique de la religion capable de se retrouver au service d’un type de civilisation et d’économie – pas seulement de l’existence.

Elle permit donc de changer de maîtres. Mais au nom de son corpus bien d’entre eux – en zélateurs ambitieux – voulurent purger le monde de prétendues erreurs en tirant ce corpus à leur profit. Si bien que « Le Livre »   des changements ou de clés de survie reste donc toujours à relire et à réviser. Car ses circuits et ses processus devinrent « l’officiel » non du monde mais d’une de ses visions.
Et ce, jusqu’à des valeurs actuelles qui au nom de la vie de l’esprit permettent d’autres retombées. Mais il en va toujours de même avec les textes dits sacrés. Rappelons que la même collection publia il y a une vingtaine d’année une version essentielle du Coran.

jean-paul gavard-perret

Anonymes,  La Bible, Édition d’Édouard Dhorme, Jean Grosjean et Michel Léturmy Collection Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard Parution septembre 2018.

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