Anick Roschi, Autopsie d’un caniche

Anick Roschi, Autopsie d’un caniche

Dans leur dialogue, deux époux – âgés de 78 ans et à l’aise sur un plateau – tentent de finir leur vie tout en tentant de la recommencer – surtout le mari (Sullivan), en vieux guerrier. Mais leurs trajets dans une telle étape et un tel étiage créent des bonds et gambades en un monde où la société actuelle ne répond à l’aide envers ceux qui, pas à pas, deviennent des laissés pour compte. Certes, leurs propres contes et réalités d’avant peuplent leur vie. Ils prennent un malin plaisir à mixer certains types de fantasmes au doigts de rose avec la réalité.

Les deux amants continuent à s’apprivoiser et aussi à rire d’eux. Leur goût du sucre suffit seulement à leur caniche. De tels échanges (en sept actes) sont parfois iconoclastes car, grâce à Anick Roschi, les protagonistes cultivent les décalages, les effets retards comme les avancées. Il n’y a de place ni pour des colis fichés ni pour la verroterie – sauf à y voir débarouler un éléphant plutôt qu’un caniche.

L’ironie rapproche le couple car elle allume parfois à leur lanterne un peu magie ou un filet de garde-fous. Les « zestes » déplacés évitent pour eux tout râteau à la méduse. La dramaturge s’y fait parfois penseuse. Elle peut aussi se travestir en marionnettiste de quatre vieilles mimines afin d’animer une impression Faust. Cette pièce n’a rien d’un opéra pastille. Elle n’offre pas un faux rhum de hall mais l’ivresse de certaines profondeurs, là où si le caniche n’aboie plus, une telle caravane passe.

Anick Roschi, Autopsie d’un caniche, Editeur Les Impliqués, 2025, 108 p. – 13,00 €.

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