Commencer à être devient une bonne question. C’est une sorte de squelette et de mots, entre grève moins de la fin que de la faim, semble-t-il pour Laurence Skivée. Rassurons-nous : son moral est bon. Bref, ça peut aller, surtout de la manière dont une auteure aussi rare feint de mal voir et mal dire pour mieux tout recommencer dans l’or de l’ordre où se fait l’apparition de l’héroïne.
D’où cette enquête filée d’une telle Mélusine qui, avec une certaine concupiscence amusée entre l’effacement et l’autisme, fabrique par ses mots, du visible par éparpillage, effet de lumière, exaction de remords, entre le blanc et le noir qui jouent loin des yeux, loin du coeur et n’empêchent en rien le texte aporétique mais savant comme une lune de miel.
Bref, Laurence Skivée a raison. Elle nous demande ce qu’elle pourrait nous dire, se tait partiellement mais de fait cache de sa poésie une meilleure santé et un goût parfait : c’est justement pourquoi nous savourons un exploit de l’écriture.
jean-paul gavard-perret
Laurence Skivée, Os cuillère, La Lettre volée, Belgique, 2024, 50 p. — 14,00 €.