L’opéra de quat’sous (Bertolt Brecht / Thomas Ostermeier)

 Une mise en scène tirée à quatre croches

Pendant qu’un orchestre de fan­fare rele­vée entonne un cou­plet entraî­nant, des opé­ra­teurs s’affairent sur scène pour dis­po­ser des élé­ments de décor. Une femme entame un refrain de pré­sen­ta­tion, avant de dis­pa­raître, por­tée par un cadre qui s’élève dans les airs. Les per­son­nages se pré­sentent suc­ces­si­ve­ment leur situa­tion, chan­tant leur par­ti­tion et déve­lop­pant leur pro­pos de façon allègre, se mon­trant enjoués et enga­gés, dans un exer­cice de music-hall plai­sant et léger.
On sent le pro­pos n’être qu’un pré­texte ; la cor­rup­tion d’une ville sou­mise à la pègre, l’exploitation des plus dému­nis, les rela­tions entre le milieu et la police ne servent qu’à mettre en valeur la musique et à tour­ner en déri­sion les valeurs humaines qui sont mises en exergue.

Le spec­tacle est agréable, mais il reste para­doxa­le­ment ampoulé et redon­dant. On a connu Tho­mas Oster­meier plus inven­tif et plus auda­cieux. En choi­sis­sant la fidé­lité au pre­mier texte de Brecht et à l’esprit folk­lo­rique du livret de Kurt Weil, il pré­sente un spec­tacle accom­pli, mais dont la mise en scène reste sclé­ro­sée. Il en est comme s’il délé­guait l’initiative à Maxime Pas­cal, chargé de mettre en rythme et en tona­lité la par­ti­tion.
Il en résulte une repré­sen­ta­tion sym­pa­thique, ini­tia­le­ment enjouée par un esprit potache assez bien­venu, des per­son­nages bien sen­tis, mais vouée à un dyna­misme qui s’épuise dans l’académisme. On en sort nourri d’une connais­sance de l’œuvre fon­da­trice d’une tra­di­tion alle­mande, mais peu édi­fié par son actualisation.

chris­tophe giolito 


L’opéra de quat’sous

Texte de Ber­tolt Brecht et musique de Kurt Weill
avec la col­la­bo­ra­tion d’Elisabeth Haupt­mann
Adap­ta­tion et mise en scène Tho­mas Oster­meier
Direc­tion musi­cale Maxime Pascal

Avec Birane Ba, Nico­las Chu­pin, Claïna Cla­va­ron, Chris­tian Hecq, Ben­ja­min Lavernhe, Elsa Lepoivre, Nico­las Lor­meau, Marie Oppert, Jor­dan Rez­gui, Sté­phane Varu­penne, Véro­nique Vella, Sefa Yeboah

Tra­duc­tion Alexandre Pateau ; dra­ma­tur­gie et col­la­bo­ra­tion artis­tique Elisa Leroy ; scé­no­gra­phie Magda Willi ; cos­tumes Flo­rence von Ger­kan ; lumières Urs Schö­ne­baum ;
vidéo Sébas­tien Dupouey ; son Florent Derex ; cho­ré­gra­phie Johanna Lemke ;
conseil à la diver­sité Noémi Michel ; assis­ta­nat à la mise en scène Dag­mar Pischel ;assis­ta­nat à la direc­tion musi­cale Alphonse Cemin ; assis­ta­nat à la scé­no­gra­phie Ulla Willis ; assis­ta­nat aux cos­tumes Mina Purešić ; assis­ta­nat aux lumières Fran­çois Thou­ret ; assis­ta­nat à la vidéo Romain Tan­guy ; assis­ta­nat à la cho­ré­gra­phie Rémi Boissy ; chef de chant Vincent Leterme.

Et Le Chœur (en alter­nance) :
Marie-Claude Bot­tius, Scar­lett Cabrera-Bernard, Jean-Claude Calif, Alexan­dra Chris­to­dou­lides, Alain David, Simine David, Alain Der­val, Arnaud Des­trel, Jeanne Gui­ne­bre­tière, Laurent Lede­rer, Cécile Leterme, Isa­belle Mazin, Tham­zid Moha­mad, Tatiana Rahan­draha, Félix Orthmann-Reichenbach, Edith Renard, Yann Salaün, Thi­bault Saint-Louis.

Et l’orchestre Le Bal­con
Direc­tion musi­cale : Maxime Pas­cal, Alphonse Cemin, Del­phine Dus­saux, Vincent Leterme (en alternance) :

Iris Zer­doud, cla­ri­nette, en alter­nance avec Juliette Adam et José­phine Besan­çon
Valen­tine Michaud, Anto­nin Pom­mel, en alter­nance avec Juliette Her­bet et Paul Lamarque, saxo­phones
Henri Delé­ger, Mat­thias Cham­pon en alter­nance avec Jérémy Lecomte, trom­pettes
Mathieu Adam en alter­nance avec Nico­las Des­vois, trom­bone, cor ténor
Alphonse Cemin en alter­nance avec Vincent Leterme, Del­phine Dus­saux, et Véro­nique Briel, piano, har­mo­nium, célesta, syn­thé­ti­seur
Pierre Michel en alter­nance avec Francois-Xavier Planc­queel et Valen­tin Dubois, per­cus­sions
Giani Case­rotto en alter­nance avec Ben­ja­min Gar­son, gui­tares, banjo, bala­laïka prima
Simon Drap­pier en alter­nance avec Mathias Lopez, contre­basse, basse élec­trique, bala­laïka basse.

A la Comé­die fran­çaise, salle Richelieu,
Place Colette, 75001 Paris
Loca­tion Tél : 01 44 58 15 15 du lundi au samedi 11h-18h
du 23 sep­tembre au 5 novembre 2023

Pro­duc­tion : Comédie-Française, Fes­ti­val d’Aix-en-Provence.

Spec­tacle créé le 4 juillet 2023 au Fes­ti­val d’Aix-en-Provence.

Avec le géné­reux sou­tien d’Aline Foriel-Destezet, grande ambas­sa­drice de la créa­tion artis­tique et le sou­tien de la Fon­da­tion pour la Comédie-Française.

L’opéra de quat’sous, d’après The Beggar’s Opera de John Gay, créé le 31 août 1928 au Schiff­bauer­damm­thea­ter de Berlin.

Le texte de Ber­tolt Brecht est publié et repré­senté par L’ARCHE, édi­teur & agence théâ­trale. Nou­velle tra­duc­tion parue le 16 juin 2023.

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