Plus que tout autre auteure, Dunia Miralles est vraiment celle du féminin de l’être. La Neuchâteloise d’origine et qui à la Chaux-de-Fonds a publié de nombreux ouvrages dont Swiss Trash, sorte de livre culte en son genre. Sans vraiment reprendre une telle veine, ce livre néanmoins le rappelle comme en aval.
Ce roman au noir est inspiré de la propre enfance de l’auteure. Se découvre avant tout la tranche de vie d’une jeune immigrée en terre helvétique. Dans les années 1970, en pays protestant, Concepción et ses camarades espagnols, italiens ou suisses en situation précaire, subissent des maltraitances en milieux scolaire.
Sans que ce réalisme soit un artifice se dit le noir d’une vie intérieure à la manière de Conrad. Pénétrer dans ce livre, c’est entrer avec Madame Krüger, qui écrit pour un journal paroissial et Rose, une éminente spéléologue, afin de rédiger un article sur la dépollution des gouffres. La jeune femme lui propose de descendre avec elle dans une grotte.
Au fil de leur progression dans les ténèbres apparaissent les souterrains de l’âme. Commence alors pour le héros une exploration de son passé afin de remonter aux prémices des existences. Cette descente aux abîmes peut-elle faire courir le risque d’y laisser des plumes ? A la lectrice ou eu lecteur de le découvrir dans “une vie examinée” (Henry James) que contient tout roman — le plus intimiste de l’auteur à ce jour.
jean-paul gavard-perret
Dunia Miralles, Le Gouffre du Cafard, éditions BSN Press, coll. Uppercut, 2023 — 19 CHF.