D’une femme à une autre
Le destin de Consuelo Fould, peintre et inventeur français, commence en 1861 lorsque sa mère, Valérie Simonin, actrice et écrivain, choisit pour sa progéniture le nom du protagoniste du roman de George Sand.
Comme Sand, sa mère s’est d’ailleurs accordée une identité masculine — Gustave Haller — pour la signature de ses livres, dont L’enfer des femmes. Et sa deuxième fille — autre peintre de la famille — changera de sexe pour signer ses toiles sous le nom de Georges Achille-Foulden hommage à deux mâles de sa lignée.
Néanmoins, Consuelo Fould gardera le nom qu’elle a reçu pour s’émanciper en femme de talent et d’invention face aux hommes. Elle déposera plusieurs brevets d’invention de corsets, d’un clou de tapisserie et d’une poupée articulée tout en continuant à afficher ses portraits sur la couverture des premiers magazines illustrés. Le tout avec une ironie évidente mais aussi avec érotisme.
Presque un siècle plus tard, Diane Benson a eu l’idée d’impliquer la photographe Cindy Sherman pour promouvoir les vêtements les plus originaux de sa boutique à Soho. Celle-ci, toujours fidèle à ses principes d’auto-représentation, revêt ces tenues et prend la pose pour mettre à mal la soumission des femmes au standard de beauté imposé par les hommes dans la mode.
Les deux jouent à la manière les acrobates : la première réellement, l’autre par les torsions qu’elle inflige aux poncifs. Elles créent ainsi un pont dans les fantasmagories et fantasmes en imposant les leurs aux yeux du monde.
jean-paul gavard-perret
Ettore Molinario, Dialogues n°21, “Collezione Ettore Molinario”, Milan, 2023.