Vernon Subutex 1 (Virginie Despentes / Thomas Ostermeier)

Une errance postmoderne

C’est tout de suite comme un concert, un de ces fes­ti­vals authen­tiques et néces­sai­re­ment modestes, où des musi­ciens — des vrais, de qua­lité — livrent leur rif sans ambages ni chan­tage. Quelques notes de Stra­to­cas­ter ouvrent le spec­tacle et en donnent le ton. C’est l’histoire d’une dérive, d’un être bal­loté par les hasards de la vie, qui ne réagit pas quand elle cesse, insen­si­ble­ment, de le por­ter.
On entre dans une danse macabre, par laquelle Ver­non, ancien dis­quaire, va revi­si­ter ses anciennes amies, por­tant un regard acerbe sur la société et le vieillis­se­ment de sa géné­ra­tion. C’est une errance sar­cas­tique, un peu pro­vo­ca­trice, qui consti­tue l’occasion de décrire les tra­vers de nos com­por­te­ments, les failles de nos personnalités.

Le pro­pos est ini­tia­le­ment dyna­mique ; en sui­vant une per­son­na­lité atta­chante, on est volon­tiers atten­dri par les péri­pé­ties cocasses ou comiques. Mais les pitre­ries se répètent ; le spec­tacle se révèle redon­dant. On suit Ver­non dans son iti­né­rance à peine baroque ; la démarche appa­raît régres­sive et des­truc­trice. Dans sa lan­ci­nance, elle en devient pro­saïque, per­dant sa radi­ca­lité, comme ces stan­dards de la révolte deve­nus farou­che­ment asep­ti­sés.
De cette teneur sul­fu­reuse parais­sant sté­ri­li­sée, émerge tou­te­fois une iro­nie salu­taire, qui donne au per­son­nage la géné­ro­sité de la détresse regar­dant en face le déses­poir pour le bou­der. Vir­gi­nie Des­pentes a signé une odys­sée délé­tère, sans but et sans retour, que Tho­mas Oster­meier met en scène de façon désa­bu­sée, postmoderne.

chris­tophe giolito

Ver­non Subu­tex 1

d’après Vir­gi­nie Des­pentes
mise en scène Tho­mas Ostermeier

© Tho­mas Aurin

avec Tho­mas Bading, Hol­ger Bülow, Ste­pha­nie Eidt, Henri Maxi­mi­lian Jakobs, Joa­chim Meye­rhoff, Bas­tian Rei­ber, Ruth Rosen­feld, Julia Schu­bert, Hêvîn Tekin, Mano Thi­ra­vong, Axel Wandtke, et Blade AliM­Baye (en vidéo) et les musi­ciens Henri Maxi­mi­lian Jakobs, Ruth Rosen­feld, Tay­lor Savvy, Tho­mas Witte

Adap­ta­tion Flo­rian Borch­meyer, Bet­tina Ehr­lich, Tho­mas Oster­meier ; tra­duc­tion du fran­çais Clau­dia Stei­nitz ; scé­no­gra­phie / cos­tumes Nina Wet­zel ; vidéo Sébas­tien Dupouey ; musique Nils Osten­dorf ; dra­ma­tur­gie Bet­tina Ehr­lich ; lumière Erich Schneider.

Au Théâtre de l’Odéon, Place de l’Odéon, 75006 Paris 01 44 85 40 40

https://www.theatre-odeon.eu/fr/saison-2021–2022/spectacles-21–22/vernon-subutex-1

Du 18 au 26 juin 2022, en alle­mand, sur­ti­tré en fran­çais, durée 4h.

Pro­duc­tion la Schaubühne – Ber­lin ; copro­duc­tion Théâtre natio­nal croate – Zagreb,

avec le sou­tien du Goethe-Institut.

 

 

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