Dans ce vagabondage, un petit gars des banlieues devient un vrai lecteur et s’affirme écrivain.
Et ce, dans une proximité étrange avec le génial italien Carlo Emilio Gadda (1893–1973). Il est sans doute moins connu que Joyce, Proust, Céline, Kafka ou Musil mais reste leur égal à la table des géants.
Pour le saluer, Philippe Bordas avec son “célibataire absolu” crée la biographie de celui qui agrégea les langues du peuple transalpin et la grande langue des classiques italiens. Son texte devient aussi une aventure policière et un testament amoureux,
Mais c’est tout autant l’autobiographie de Bordas habité par Gadda depuis ses vingt ans. Un flot d’images accompagne cette odyssée qui emmène de Paris vers Milan et Rome, de Moscou vers Nairobi et Cythère.
Une étrange narration suit son cours par de telles scénographies. Ce qui est retiré à l’organique permet non de l’effacer mais d’en préserver plus que la parure : l’essentialité de portions de vies dépouillées de tout superflu mais riches d’atours où tout flotte et s’envole avec l’intensité de la suggestion loin des schèmes admis et afin de théâtraliser un — ou deux — destin(s) composite(s).
jean-paul gavard-perret
Philippe Bordas, Le célibataire absolu. Pour Carlo Emilio Gadda, Gallimard, coll. Blanche,Paris, 2022, 432 p. — 30,00 €.